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dimanche, 05 janvier 2020

Washington pourra-t-il obliger l'Ukraine et la Géorgie à entrer dans l'Otan ?

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Washington pourra-t-il obliger l'Ukraine et la Géorgie à entrer dans l'Otan ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Lors d'une réunion de l'Otan à Washington en avril 2019, les membres de l'Organisation, à l'initiative des Etats-Unis, avaient convenu de renforcer leur soutien à l'Ukraine et la Géorgie face à la « menace russe », notamment dans le domaine de la défense maritime et côtière

Il faut rappeler que ces deux pays ne sont pas membres de l'Otan, mais que leur entrée est en discussion depuis l'année 2000.

Dans le même temps, des navires de guerre de l'Otan et de ces deux pays procédaient à des manœuvres communes en Mer Noire. Il suffit de regarder une carte pour se rendre compte que la Russie dont la Mer Noire est le seul débouché en eau tempérée vers le grand large ne pouvait pas être indifférente à ces perspectives.

La Turquie, la Roumanie et la Bulgarie, elles mêmes membres de l'Otan, ont également des frontières maritimes en Mer Noire. La Mer Noire allait-elle devenir une mer presque totalement aux mains des forces navales et aériennes de l'Otan ?

La Russie ne veut pas s'opposer militairement à une volonté de l'Ukraine et de la Géorgie d'entrer dans l'Otan. Cependant il lui reste des cartes à jouer du fait que l'Ukraine est en conflit intérieur avec les « Républiques » du Donbass et qu'il en est de même de la Géorgie laquelle refuse de reconnaître l'indépendance de ses anciens territoires de l'Abkhasie et de l'Ossétie du Sud. Tant que ces conflits ne seront pas résolus, il y a peu de chances que l'Ukraine et la Géorgie acceptent d'entrer dans l'Otan, sachant très bien que les membres européens de l'Otan n'ont aucun désir de provoquer des conflits avec la Russie au sujet de leurs problèmes de frontière.

De plus, il convient de se demander si le nouveau président de l'Ukraine Volodymyr Oleksandrovytch Zelensky, soucieux de normaliser ses relations avec la Russie, accepte aujourd'hui de faire le jeu de Washington à propos de l'Otan.

Beaucoup d'hommes politiques européens, bien qu'atlantistes convaincus, commencent selon le mot de l'un d'eux à se demander si appartenir à l'Otan n'est pas devenu aujourd'hui une « insanity ». Ils voient de plus en plus l'Otan comme un dispositif permettant aux industriels américains de l'armement de continuer à leur vendre des équipements militaires de plus en plus coûteux.

Nicolas Sarkozy avait en le grand tort en 2009 d'organiser le retour de la France dans l'Otan, ce qu'avait toujours refusé en son temps Charles de Gaulle. Il est regrettable aujourd'hui qu'Emmanuel Macron ne remette pas en cause cette décision. Elle est totalement en contradiction avec sa volonté proclamée de mettre en place une armée européenne dotée de ses propres commandements et matériels.

Sur la Géorgie, voir wikipedia

Note au 01/01 20h

On lira ici un jugement du général français Dominique Delawarde sur l'Otan. Il ne le dit pas explicitement, réserve oblige, mais ses propos confirment la teneur de notre article. L'Otan est une nuisance que la France devrait quitter au plus tôt.
https://theduran.com/nato-general-delawarde-assesses-final-london-declaration/?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=the_duran_daily&utm_term=2020-01-01

mercredi, 02 octobre 2019

La Crimée: cinq années après les événements

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La Crimée: cinq années après les événements

Ex: https://www.zeit-fragen.ch

Développement – histoire – contexte

rt. Il y a cinq ans, en février 2014, la politique américaine d’encerclement de la Russie a culminé dans un coup d’Etat organisé sur le Maïdan à Kiev. L’objectif géostratégique d’intégrer l’Ukraine dans la sphère de pouvoir occidentale et, en même temps, de pouvoir stationner des troupes de l’OTAN directement à la frontière russe fut atteint grâce à cette opération clandestine. Peu après, la Crimée s’est séparée de l’Ukraine suite à un référendum pour rejoindre la Fédération de Russie.


Bien avant cela, la promesse de l’Occident – de ne pas avancer militairement davantage vers l’Est suite à l’effondrement du Pacte de Varsovie – fut rompue. Les opérations secrètes menées aux abords de la Russie et qualifiées de «révolutions de couleur», notamment celles ayant eu lieu à Tbilissi en 2003, à Kiev en 2004, à Bichkek en 2005 ou à Minsk en 2006, sont désormais clairement classées comme telles.


Comme nous le savons aujourd’hui, le coup d’Etat de Kiev en 2014, décrit dans les principaux médias occidentaux comme une protestation «justifiée», avait également été fomenté longtemps à l’avance. Ce n’est plus un secret que l’argent et le personnel de Washington ou des services alliés ont rendu ce coup d’Etat possible. Il est également largement connu que tout accord de paix entre l’Occident et la Russie est activement entravé et qu’on tente actuellement de mettre le pays à genoux par un boycott économique radical.


Dans les milieux d’affaires européens, il est rapidement apparu que le durcissement des sanctions économiques causent, d’une part, d’immenses dommages à l’économie européenne elle-même et, d’autre part, favorisent une coopération économique et militaire plus approfondie entre la Russie, la Chine et l’Inde – ce qui n’est pas vraiment dans l’intérêt de l’économie européenne.


La population de l’Ukraine est la grande perdante dans ce processus. Le bon fonctionnement du commerce avec la Russie a été interrompu, le transit lucratif de gaz de la Russie vers l’Europe occidentale a cessé, et le pays est appauvri par une politique corrompue dirigée par des oligarques, malgré sa richesse en matières premières et en bonnes terres arables.


Suite au coup d’Etat à Kiev, la Crimée s’est séparée et a rejoint la Russie. Ce détachement volontaire de l’Ukraine et le nouveau lien avec la Russie suite à un vote populaire (participation d’environ 80% des électeurs, accord de 95,5% des voix) sont toujours et encore présentés dans l’officiel langage occidental comme «annexion» par la Russie.


Le gouvernement russe ne pouvait accepter que la péninsule de Crimée «offerte» par  Khrouchtchev» à la République soviétique d’Ukraine en 1954, ne lui soit arrachée des forces occidentales. L’important port militaire de Sébastopol avec ses bâtiments de guerre, ses chantiers navals et son accès libre de glace fait partie de la zone centrale russe et demeure d’un intérêt vital pour le pays. Jusqu’à présent, la Russie avait été en mesure de continuer à exploiter le port maritime grâce à des contrats de location avec l’Ukraine. Mais déjà en 2013, avant le coup d’Etat du Maïdan, un département de la marine américain avait demandé des contrats de construction à Sébastopol – évidemment pas pour la construction de foyers pour enfants. Mais de l’avis des médias occidentaux, la Russie est toujours présentée comme la cause du conflit.


Les auteurs Ralf Rudolph et Uwe Markus ont publié l’ouvrage «Die Rettung der Krim» [Le sauvetage de la Crimée], une publication offrant une vision à la fois factuelle et fondée du prétendu «conflit de Crimée» et corrigeant l’image irréelle de la Russie.

 
 

rettungkrim.jpgLes auteurs accompagnent le lecteur à travers l’histoire de la sécession de la Crimée. On apprend un tas de choses sur les contextes historique, politique et économique de cette région. Comme les auteurs ont également de bonnes connaissances en histoire militaire, le lecteur est introduit dans les contextes géopolitiques. La constante politique d’encerclement de la Russie par les Etats-Unis, fortement guidée par leurs propres intérêts économiques, est présentée avec de nombreux faits, comme dans le différend sur les gazoducs dans la région de la mer Noire. Le bouleversement politique en Macédoine de 2016 apparaît soudainement sous un jour totalement nouveau. Le facteur décisif n’était pas les conflits internes, mais la construction prévue d’un gazoduc par un consortium dirigé par l’entreprise russe Gazprom via les Balkans vers l’Autriche.


Le lecteur apprend en détail comment le gouvernement russe a réussi, en quelques mois seulement, à approvisionner la Crimée malgré le blocus économique en violations du droit international imposé par l’Ukraine (interdiction des importations d’eau, de denrées alimentaires, de gaz, de pétrole et d’électricité). Il ne faut pas oublier que le boycott occidental initié par les Etats-Unis, toujours en vigueur, touche en premier lieu la population civile.


Dans un chapitre vers la fin du livre, le lecteur apprend que la Crimée est un lieu de vacances international très prisé avec de nombreux sites historiques.     •

Rudolph, Ralf; Markus, Uwe. Die Rettung der Krim. Phalanx. 2017. 237 p.; Contacts: www.phalanx-verlag.de ou markus-berlin@t-online.de

(Traduction Horizons et débats)

jeudi, 24 janvier 2019

Conférence du 26 Janvier : L’Ukraine, un regard non-conformiste

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Résistance helvétique:

Conférence du 26 Janvier : L’Ukraine, un regard non-conformiste

Conférence de Pascal Lassalle sur l’Ukraine.

HISTOIRE IDENTITÉ ACTUALITÉ

-Ouverture des portes à 19:00-
-Restauration : Guzul Banosh-

vendredi, 14 décembre 2018

L’agenda caché en vue de la nouvelle provocation dans le détroit de Kertch

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L’agenda caché en vue de la nouvelle provocation dans le détroit de Kertch

par Peter Korzun

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Le 25 novembre, trois navires militaires ukrainiens ont traversé de manière non autorisée les eaux territoriales russes. La gendarmerie maritime russe a pris des mesures pour les forcer à se conformer au règlement. Ce qu’ils ont refusé de faire. Il ne fait aucun doute que Kiev a délibérément envoyé ces navires pour provoquer la Russie. Tous les vaisseaux passant par cette voie navigable doivent contacter les autorités du port marin de Kertch, signaler leurs routes et destinations et recevoir la permission de naviguer. C’est une démarche très simple, mais le groupe de vaisseaux ukrainiens n’a pas informé la Russie de ses plans. Ils ont fait la sourde oreille aux injonctions d’arrêter leurs manœuvres dangereuses. Les vaisseaux ukrainiens ont ignoré avec insolence les demandes de quitter les eaux territoriales russes.


Kiev s’est empressée d’accuser Moscou «d’agression miliaire». L’incident a immédiatement fait les grands titres, et les dirigeants occidentaux ont pris la parole pour défendre l’Ukraine sans même offrir de détails sur ce qu’il s’est passé exactement ou ce qui a déclenché ce dangereux concours de circonstances. Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg n’a pas perdu une minute pour exprimer le «plein appui du bloc pour l’intégrité et la souveraineté territoriale de l’Ukraine, incluant la totalité de ses droits de navigation dans ses eaux territoriales, conformément à la loi». Le Canada, la Pologne, le Danemark ainsi que d’autres pays ont rapidement joint leur voix au chœur antirusse. Cela allait dans le sens de leur intérêt propre d’écarter autant les détails que toute tentative d’obtenir un aperçu des causes réelles de cet incident en particulier ou de la situation dans la mer d’Azov en général.


Le 26 novembre, le président Ukrainien Petro Porochenko a signé une motion imposant la loi martiale. Une fois approuvée par le Parlement, cette dernière sera en vigueur pendant au moins un mois. Après cette période, elle pourra être prolongée. En 2014, lorsque la Crimée a demandé via un referendum d’être intégrée à la Russie, le président ukrainien n’avait pas soulevé la question d’imposer la loi martiale. Il ne l’a pas fait non plus, en 2015, pendant la bataille de Debalsevo Bulge [à Donezk] au cœur de la lutte dans la partie orientale du pays. Le conflit actuel des républiques auto-proclamées ne l’a jamais poussé à envisager l’état d’urgence. Cependant, il a estimé que l’incident en mer était assez grave pour justifier l’imposition de la loi martiale, cela peu de temps avant les élections présidentielles – dont les sondages indiquent son peu de chances à gagner.


Ce geste limite les libertés civiles et donne un plus grand pouvoir aux institutions étatiques durant les élections prévues pour le 31 mars 2019, si elles ne sont pas reportées. En temps de loi martiale, les élections présidentielles, parlementaires et locales ainsi que les grèves, les manifestations, les rallyes et les démonstrations de masse sont interdits. L’incident en mer pourrait ne pas être l’unique provocation prévue. La situation à la frontière des républiques autoproclamées s’est mise à se détériorer au moment même où les rapports sur l’incident en mer ont commencé à affluer. Le soir du 26 novembre, de lourds bombardements de zones résidentielles dans l’est de l’Ukraine par les forces ukrainiennes ont été reportés. 

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Autre motif: la provocation a été mise en scène pour accélérer la procédure d’adhésion à l’OTAN. L’accord entre la Russie et l’Ukraine de 2003, selon lequel la mer d’Azov est considérée comme des eaux domestiques appartenant aux deux pays, pourrait être annulé. L’été passé, un projet de loi pouvant révoquer ce traité a été présenté au Parlement ukrainien (Rada). L’accord interdit à tout bâtiment de guerre d’entrer dans cette mer sans le consentement des deux nations. Si cet accord est démantelé, la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982 prendra effet. Les eaux territoriales de la Russie et de l’Ukraine s’étendraient à 12 miles nautiques de leurs côtes respectives. L’intérieur de cette mer deviendrait des eaux internationales, ce qui permettrait aux vaisseaux de l’OTAN d’entrer dans la mer d’Azov sans restriction.


Kiev espère également une augmentation de l’aide militaire venant des pays de l’OTAN, ce qui lui permettrait de développer une flotte puissante et des défenses côtières. Elle voudrait qu’une mission d’observation internationale soit stationnée dans la mer d’Azov, probablement sous l’auspice de l’OSCE et avec la participation de forces navales au demeurant défavorables à la Russie. Une autre chose que le président ukrainien voudrait voir arriver, c’est l’annulation par le président des Etats-Unis, Trump, de sa rencontre avec le président russe Poutine lors du sommet du G20 en Argentine [ce qui a été fait].


Quel a été l’élément déclencheur des actions de Kiev? C’est le soutien de l’Occident. Le 25 octobre, le Parlement européen a adopté une résolution concernant la mer d’Azov pour exprimer son soutien à l’Ukraine. Le 19 novembre, le Haut représentant pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité de l’UE, Federica Mogherini, a déclaré que les ministres des Affaires étrangères de l’UE avaient discuté de prendre des «mesures ciblées» pertinentes contre la Russie à cause de la situation dans la mer d’Azov. Les Etats-Unis continuent d’étendre leur assistance militaire à l’Ukraine. Ils ont déjà une installation militaire à Otchakiv. Une fois que les frégates de la classe Oliver Hazard Perry arriveront en Ukraine, des instructeurs navals américains suivront. La présence américaine et les infrastructures militaires s’étendront graduellement. La Grande-Bretagne agit de même.


Le soutien de l’Occident encourage l’Ukraine à envenimer les tensions. La Cour constitutionnelle d’Ukraine vient d’approuver un amendement proclamant l’adhésion à l’OTAN et à l’UE comme objectif officiel de la politique étrangère. Si le Parlement approuve cet amendement, les Accords de Minsk deviendraient alors nuls et non avenus, parce que la Russie a initialement accepté de s’y conformer à condition que l’Ukraine demeure un Etat neutre.


Personne n’a besoin d’un tel accroissement des tensions dans une région avec une forte navigation. Toutes les nations maritimes veulent disposer de voies de navigation libres et protégées par la loi. Plus le soutien politique et militaire apporté à Kiev augmente, plus les chances qu’une étincelle mette le feu à la région de la mer d’Azov sont grandes. La responsabilité repose sur ceux qui incitent Kiev à attiser les tensions en vue de poursuivre leurs objectifs politiques.     •


Source: https://www.strategic-culture.org/news/2018/11/27/ukraine...  du 27/11/18

(Traduction Horizons et débats)

jeudi, 11 octobre 2018

La stratégie de la Russie dans le bassin de la mer Noire

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La stratégie de la Russie dans le bassin de la mer Noire

par Nikolas Gvosdev

Ex: https://versouvaton.blogspot.com 

Article original de Nikolas Gvosdev, publié le 2 août 2018 sur le site War On The Rocks
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Le 16 mai, le président russe Vladimir Poutine a inauguré le pont du détroit de Kertch, reliant la péninsule de Crimée au continent russe, sept mois plus tôt que prévu. Ce faisant, il a signalé la détermination de la Russie à remodeler l’équilibre géopolitique et géo-économique de la région de la mer Noire, malgré les sanctions occidentales. Bien que Moscou ne soit pas en mesure de dominer la mer Baltique, ses efforts pour transformer la mer Noire en mare nostrum  portent leurs fruits. Au cours des dernières années, le Kremlin a maîtrisé la feinte de la Baltique : en se livrant à des provocations aériennes et maritimes dans une région très surveillée par l’Occident, la Russie a été capable de renforcer sa position en mer Noire sans préavis. Alors que la plupart des stratèges américains s’inquiètent de la région de Suwalki sur la frontière polono-lituanienne en tant que voie potentielle d’invasion russe vers l’Europe centrale, c’est l’accumulation de puissance de la Russie en mer Noire qui devrait préoccuper les décideurs politiques. En utilisant la mer Noire comme un tremplin, la Russie peut projeter sa puissance au-delà de son environnement immédiat – au Moyen-Orient, dans les Balkans et en Méditerranée – et renforcer sa réémergence en tant que grande puissance.

John Kerry a déjà évoqué avec malice le fait que cette politique étrangère russe remonte au XIXe siècle. Mais dans ce cas, Poutine et son équipe ont remonté un siècle de plus en s’inspirant de l’illustre prince Grigori Potemkine. Favori de Catherine la Grande, Potemkine a conçu la première annexion de la Crimée par la Russie et a été le premier gouverneur général de la « Nouvelle Russie » (Novorossiia) – territoires qui comprennent aujourd’hui le sud-est de l’Ukraine. Il a défendu le point de vue selon lequel le destin de la Russie se trouvait au sud et plaidé en conséquence pour une expansion dans les Balkans, le Caucase et le nord du Moyen-Orient. Le soi-disant « projet grec » de Catherine – un complot visant à étendre le contrôle russe autour de la mer Noire en démantelant l’Empire ottoman et en le remplaçant par la restauration de ce que l’on appelait autrefois Byzance en tant que marionnette russe – était un projet audacieux, une machination de Potemkine.

Le projet grec de Potemkine supposait une inimitié persistante entre les empires russe et ottoman. Au milieu du XIXe siècle, Nicolas Ier et son ministre des Affaires étrangères, Karl Nesselrode, ont tenté de retourner le scénario. Abandonnant l’approche de Potemkine, ils ont cherché à cultiver une amitié avec le sultan ottoman Mahmoud II et ont ainsi coupé les Ottomans de leur partenariat traditionnel avec les puissances d’Europe occidentale. Leur approche a réussi et, en 1833, les deux parties ont signé le traité d’Unkiar Skelessi. En contrepartie de l’adhésion aux exigences stratégiques russes – dont le principal accordait à la marine russe l’accès à la Méditerranée – le Sultan a reçu le plein soutien de l’Empire russe dans sa lutte contre ses opposants internes. Malheureusement pour Nicolas, cependant, ce traité à court terme ne pouvait pas conduire au réalignement permanent de l’Empire ottoman, en particulier compte tenu de l’hostilité du siècle dernier. Après la mort de Mahmoud, son fils Abdulmejid I s’est retourné vers les Britanniques et les Français pour résister à l’empiétement de la Russie. Ce qui est arrivé ensuite est bien connu : la Russie a subi une perte dévastatrice pendant la guerre de Crimée, qui a limité la marche du pouvoir russe vers la Méditerranée.

Comme ses deux contemporains, les efforts récents de Poutine auraient recueilli beaucoup de soutien de Potemkine. La prédilection du président à utiliser la station balnéaire de Sotchi sur la mer Noire comme capitale de facto (c’est l’endroit préféré de Poutine pour des sommets bilatéraux avec des leaders mondiaux et des événements tels que le Congrès du peuple syrien) relève la Russie du sud à l’importance que Potemkine envisageait. Potemkine aurait, bien sûr, applaudi ce que la Russie considère comme la deuxième annexion de la Crimée en 2014. Cela a permis à Moscou de refuser aux puissances rivales l’accès au bassin de la mer Noire en cas de conflit militaire. En effet, les éléments clés de l’offensive de la Russie en matière de soft power aujourd’hui – en soutenant le partenariat stratégique avec l’Arménie et en rapprochant la Géorgie de l’orbite russe – préservent ainsi les 250 ans du vieil héritage de Potemkine.

Dans le même temps, Poutine s’est lancé avec succès dans la stratégie de Nicolas Ier. Bien que la sensibilisation du tsar au Sultan Mahmoud ait été éphémère, Poutine semble avoir plus de chance de nouer un partenariat stratégique avec Recep Tayyip Erdogan. Ce partenariat de commodité a survécu à plusieurs obstacles, notamment la crise qui a éclaté après qu’un jet russe fut abattu par  des avions de combat turcs à la frontière turco-syrienne en 2015. Oui, la Turquie ne reconnaît pas les prétentions de la Russie sur la Crimée et les deux pays ont des différends constants sur la Syrie, mais Erdogan est prêt à compartimenter ces désaccords pour obtenir des avantages pour la Turquie dans d’autres domaines – que ce soit pour obtenir des systèmes de défense aériens S-400 ou des centrales nucléaires. En fin de compte, Moscou cherche à inciter Ankara à ne pas s’opposer à la résurgence de la Russie dans la région de la mer Noire en échange de gains concrets pour la prospérité turque, dont M. Erdogan a besoin pour maintenir sa position politique intérieure. L’alternative indésirable serait que Ankara revienne à sa position traditionnelle d’aide à l’Occident et à la guerre froide, à savoir aider l’Occident et bloquer les ambitions russes. Heureusement, la Russie a plusieurs carottes à offrir à son partenaire. Celles-ci incluent la collaboration sur des questions distinctes en Syrie ainsi que des infrastructures énergétiques. Bien que toujours membre officiel de l’OTAN, la Turquie a accepté ce partenariat stratégique de facto. À l’instar du traité d’Unkiar Skelessi, des siècles auparavant, l’acceptation par la Turquie du partenariat avec Moscou a permis de positionner la Russie en mer Noire, d’ouvrir l’accès russe à la Méditerranée et de faciliter les livraisons d’énergie vers l’ouest, donnant au Kremlin la possibilité de conserver ses instruments d’influence.

Cette résurgence des capacités militaires russes en mer Noire remet en cause la stratégie par défaut de l’Occident dans la région depuis l’effondrement de l’Union soviétique : l’expansion inexorable des institutions euro-atlantiques pour englober tout le littoral de la mer Noire et contenir la Russie dans les limites de sa côte Nord-Est. La fatigue de l’expansion, combinée à l’instabilité politique dans la périphérie méridionale de l’Europe, a coupé l’élan du projet occidental. Parallèlement, les actions de la Russie contre la Géorgie en 2008 et en Ukraine en 2014 ont permis à Moscou de mieux contrôler le littoral de la mer Noire en détachant l’Abkhazie de la Géorgie et en s’emparant de la Crimée. Il n’y a pas d’appétit, en particulier en Europe, pour la lourde charge nécessaire pour faire entrer le reste des États riverains de la mer Noire dans l’OTAN et l’Union européenne. Pendant ce temps, la Russie a pris les devants en se présentant comme le meilleur arbitre des problèmes régionaux pressants – de la résolution du statut juridique de la mer Caspienne à la fin de la guerre civile syrienne. Le message de Moscou est clair : les pays de la mer Noire n’ont pas besoin que les États-Unis s’impliquent.

L’initiative d’origine occidentale restante dans la région est le corridor énergétique du Sud – un projet visant à développer les liens d’infrastructure et les relations de sécurité nécessaires pour permettre au gaz naturel eurasien d’atteindre les consommateurs occidentaux sans passer par un territoire sous contrôle russe. L’Azerbaïdjan est l’État clef de cet effort. Non seulement l’Azerbaïdjan possède ses propres grandes réserves de gaz, mais il sert également de centre de transit essentiel reliant l’Asie centrale à l’Europe.

Pourtant, même ici, la Russie a adapté son approche. La tentative russe impitoyable menée dans les années 1990 pour contraindre l’Azerbaïdjan à renoncer à la « principale route d’exportation » de Bakou à Ceyhan (Turquie) a été remplacée par une approche plus accommodante. Moscou ne cherche plus à bloquer mais à coopter. Le pipeline russe Turkish Stream, actuellement en construction pour relier la partie continentale de la Russie à la Turquie européenne, servira de base à la Russie pour fournir du gaz non seulement à la Turquie mais à l’ensemble de l’Europe du Sud. Cela aidera à étendre l’influence de la Russie dans des pays comme la Bulgarie, la Serbie et la Hongrie – et même en Italie, où un nouveau gouvernement pourrait être beaucoup moins enclin à soutenir des sanctions continues contre Moscou. Dans le même temps, la Russie pourrait également travailler avec l’Azerbaïdjan en approvisionnant le pays en gaz, et ainsi participer indirectement au projet de corridor énergétique du Sud. Cela compromettrait la logique stratégique d’un projet censé réduire l’influence de l’énergie russe en Europe méridionale et centrale.

Ironiquement, étant donné que les États-Unis ont identifié la Russie comme un adversaire majeur, la décision de l’administration Trump de se retirer de l’accord nucléaire iranien aurait involontairement renforcé la position de la Russie dans la mer Noire. Pour réussir à réduire l’influence de la Russie, le corridor énergétique du Sud exige un volume de gaz supérieur à celui que l’Azerbaïdjan seul peut fournir. Alors que les sanctions américaines reviennent hanter Téhéran, la colonisation de la mer Caspienne devient beaucoup moins probable. L’acceptation par l’Iran de la délimitation de la mer reposait en partie sur la possibilité de mettre en place des projets conjoints avec d’autres États riverains de la mer Caspienne. Rien n’indique que l’administration Trump est intéressée à émettre des dérogations pour de tels projets. Sans règlement, une autre partie de la stratégie du corridor énergétique du sud vers l’Ouest – la construction d’un pipeline transcaspien pour amener les vastes réserves de gaz naturel du Turkménistan vers l’ouest – sera probablement abandonnée. D’autres efforts visant à exploiter pleinement le corridor sud, soit en échangeant du gaz avec l’Iran, soit en acheminant du gaz iranien vers l’Ouest, sont également en cours. Par conséquent, soit le Turkish Stream russe comblera les lacunes, soit la Russie elle-même deviendra un participant au corridor Sud et, dans les deux cas, l’influence de la Russie ne sera pas moindre.

Il y a deux ans, j’ai noté que « la Russie avait fait sa demande pour être l’arbitre du bassin de la mer Noire ». De nombreux analystes américains ont admis que la Russie renforçait ses capacités militaires, mais Moscou a appris à tirer avantage de ces tendances pour soutenir ses objectifs politiques, à une époque où les États-Unis n’ont pas de stratégie cohérente. Aujourd’hui, la Russie est plus proche que jamais de son objectif de devenir la puissance dominante en mer Noire.

Nikolas Gvosdev est le président de la chaire « Capitaine Jerome E. Levy » au US Naval War College et un boursier non résident de l’Institut de recherche sur la politique étrangère. Les opinions exprimées sont les siennes.

Note du traducteur

Cet article est issu d'une série de 5, par un auteur enseignant pour l'US Navy. Il est toujours intéressant de lire les points de vue qui y sont développés car même si certains jugements de valeur sont contestables, l'ensemble est assez équilibré dans le cadre de la russophobie endémique en Occident.

mardi, 28 août 2018

Entre la Caspienne et la Mer Noire : bientôt le Canal Eurasien !

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Entre la Caspienne et la Mer Noire : bientôt le Canal Eurasien !

Supplantera-t-il le Canal de Suez ?

Par Thomas W. WYRWOLL

Après des tractations préliminaires couronnées de succès, le président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev a une nouvelle fois suggéré la mise en œuvre d’un projet, formulé déjà du temps des Tsars, lors du sommet du Haut Conseil de la Communauté Economique Eurasienne, c’est-à-dire la construction d’un canal entre la Caspienne et la Mer Noire.

Pour être précis, il existe déjà un canal qui fait le lien entre ces deux mers, le Canal Don-Volga (CDV). Cependant, ce canal, qui date de l’ère stalinienne et s’étend sur une distance de 101 km, constitue aujourd’hui un goulot d’étranglement entre les deux fleuves et est régulièrement embouteillé. Ses dimensions sont désormais inappropriées, même pour les péniches fluviales de la Volga, dont le gabarit est pourtant assez petit. Après l’ébauche des premiers projets, formulés dans les années 1930, de réaliser un canal menant directement de la Caspienne à la Mer Noire, les autorités soviétiques ont mis ceux-ci au frigo, suite à la guerre. Après la fin des hostilités, le projet ne fut pas remis à l’ordre du jour car, finalement, les Soviétiques se sont rendu compte que le Canal Don-Volga suffisait amplement pour les tâches limitées de l’époque.

Mais vu l’ampleur de l’exploitation pétrolière dans la zone caspienne et le développement des projets de « routes de la soie », l’idée d’un tel canal est plus actuelle que jamais. En 2007 déjà, le président russe Vladimir Poutine envisageait soit de creuser un canal parallèle au CDV soit de tracer un nouveau canal qui serait une liaison directe entre les deux mers. La même année, son collègue kazakh a estimé que c’était là une excellente suggestion et il s’est fait l’avocat d’un canal direct, auquel il a donné le nom de « Canal Eurasien ». En allemand, on parle donc désormais de « Canal Eurasien » (Eurasien-Kanal). Le président kazakh proposait alors un tracé partant de la courbe du fleuve Manytch en direction de la Caspienne. Ce tracé serait de 700 km.

Deux ans plus tard, la Banque Eurasienne de Développement sort une étude pour la construction d’un tel canal et pour d’éventuelles alternatives. Cette étude reste alors secrète et n’a pas été publiée. Il est évident qu’un nouveau CDV serait plus long d’environ 300 km qu’un canal direct et, pendant l’hiver, ne serait que partiellement utilisable pendant trois à cinq mois, un handicap sérieux que n’aurait pas un tracé situé plus au sud, où l’hiver ne sévirait que deux mois. On a appris que le coût des deux projets ne serait pas très différent et, en tout cas, constituerait l’initiative la plus onéreuse de l’histoire russe récente, plus chère encore que la construction du pont de Crimée. Malgré le caractère secret du projet, le monde entier était au courant de celui-ci, suite aux multiples conférences russo-sino-kazakhs. A plusieurs reprises, le président Nazarbaïev, en particulier, a tenté de le promouvoir.

Pour le Kazakhstan, les avantages d’un tel canal sont évidents : le pétrole tiré des énormes gisements  de la Mer Caspienne (10% des réserves mondiale, selon les dernières estimations)  est transporté dans un premier temps par navires pétroliers depuis les côtes kazakhs et, de là, est acheminé plus loin grâce à un système d’oléoducs, pour lequel le Kazakhstan doit payer des sommes considérables. Un canal vers la Mer Noire constituerait un mode de transport direct et donc nettement plus avantageux par mer jusqu’au pays européens clients. La Communauté Economique Eurasienne ne parlait naguère que d’améliorer les infrastructures régionales, de créer des emplois nécessaires et de promouvoir la construction de bateaux.

Pour la Chine, le canal constituerait un bon compromis entre les avantages offerts par le rail et par la navigation fluviale, permettant de raccourcir encore la distance entre la Chine et l’Europe, surtout depuis que Beijing s’active à déplacer à grande échelle ses centres de production industrielle de l’Est vers l’Ouest. Les financements proviendraient de la Banque Asiatique d’Investissements et d’Infrastructures, créée par la Chine ; pour l’exécution des travaux, on prévoit l’intervention du géant Sinohydro, relevant de l’Etat chinois. Sinohydro est l’une des plus grandes entreprises de construction au monde qui a notamment réalisé la fameux barrage des Trois Gorges. Les Chinois, toujours très actifs, prévoient un temps de construction de trois ans, plus six mois de planification. Les experts russes, en revanche, estiment que le temps de construction sera deux ou trois fois plus long.

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Un aspect intéressant dans la construction de ce canal est qu’il passera par la République de Kalmoukie. A l’origine, le peuple kalmouk vient du Nord-Ouest de la Chine, de Dzoungarie. Il s’est installé sur le cours de la Volga au 17ème siècle. Sous Staline, il a subi un véritable génocide, poussant de nombreux Kalmouks à combattre dans les rangs allemands pendant la seconde guerre mondiale. Sous Khrouchtchev, les survivants ont pu revenir dans leur patrie et sont de nouveau, à l’embouchure de la Volga, le peuple le plus nombreux, après les Russes. Un deuxième grand groupe de Kalmouks vit encore dans l’Ouest de la Chine, où leurs ancêtres, après la dissolution du Khanat de Kalmoukie par Catherine la Grande en 1771, y étaient revenus à l’invitation des empereurs mandchous. Aujourd’hui, il y a presque autant de Kalmouks en Chine qu’en Russie.

Le gouvernement de la République kalmouk a signé récemment avec la Chine un accord, accepté par les Russes, invitant à un nouveau retour des Kalmouks de Chine dans la région russe de la Volga. Si ces Kalmouks de Chine revenaient effectivement, le peuple titulaire de la République kalmouk actuelle serait dominant sur son territoire « ethnique » et pourrait s’étendre aussi à des régions contigües que Staline avait annexées à la Russie. Les Kalmouks de Chine sont cependant très loyaux à l’égard de la Chine, fait intéressant à plus d’un titre sur le plan géostratégique. Jusqu’ici, la Chine s’est montré très réticente pour installer des fragments de ses propres populations sur le territoire russe, car les autorités chinoises savent que les Russes sont très méfiants et très sensibles à ce genre de transferts de populations ; cependant, l’installation de Kalmouks originaires de Chine dans le cadre de la construction du Canal Eurasien pourrait s’avérer plus aisé.

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Potentiellement, les problèmes écologiques que poserait la construction de ce canal sont importants. Non seulement, les biotopes aquatiques s’entremêleraient mais les routes de migrations d’une grande partie des populations d’antilopes saïga à l’Ouest de la grande steppe, ce qui aurait d’énormes répercussions sur celles-ci et sur la part de l'écosystème de cette steppe dépendant de ces animaux. On a songé à installer des ponts pour faire passer cette faune sauvage mais ces antilopes sont craintives et risqueraient de ne pas les emprunter. De plus, leur nombre serait insuffisant : ils devraient être complétés par des ouvrages plus larges sous formes de corrals devant être entretenus par l’homme. Pour la faune ornithologique, plusieurs zones humides seraient mises en danger, notamment par la salinisation des sols. On pourrait y remédier par un réglage compliqué des adductions d’eau pour le canal. La Mer d’Azov serait elle aussi menacée, alors que son état est déjà déplorable. Minimiser les dégâts écologiques potentiels est l’un des principaux défis à relever pour les constructeurs du Canal.

Ces défis pourront toutefois être surmontés. Réaliser ce projet, vieux de plus d’un siècle, apporterait de grands changements géostratégiques, comparables au creusement du Canal de Suez, dont le rôle serait alors considérablement minimisé.

Thomas W. Wyrwoll.

(article tiré de « zur Zeit », Vienne, n°34/2018, http://www.zurzeit.at ).

vendredi, 09 mars 2018

Osteuropa: Wiederbelebung antirussischer Allianz

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Osteuropa: Wiederbelebung antirussischer Allianz
 
Die Ukraine, Moldau und Georgien beleben mit US-Unterstützung die "GUAM"-Allianz neu. Hauptfeind: Russland.

Von Marco Maier

Ex: https://www.contra-magazin.com

Ursprünglich umfasste der sogenannte "GUAM"-Block (GUAM Organization for Democracy and Economic Development) die Länder Georgien, Ukraine, Aserbaidschan und Moldau. Doch nach der Wiederbelebung durch die anderen Mitglieder (infolge der Unterstützung durch die USA) teilte Aserbaidschan mit, man wolle an der Konferenz "Georgien, Moldau und Ukraine: Östliche Partnerschaft und aktuelle Sicherheitsherausfoderungen" in der moldauischen Hauptstadt Chisinau (die am 2. März abgehalten wurde) nicht teilnehmen, da man sich an der klar antirussischen Agenda nicht beteiligen werde.

Das störte die Oligarchen-Regierungen der anderen Länder jedoch herzlich wenig. Da unter den 150 Teilnehmern der Konferenz auch US-Kongressabgeordnete und Vertreter der neokonservativen Denkfabrik "Atlantic Council" waren, die keine Gelegenheit auslassen antirussische Ressentiments zu schüren, verkauften diese eben gerne ihre Seele. Wenn man sich nur laut und energisch genug gegen Russland stellt, sind Gelder und sonstige Hilfen aus dem Westen sicher. Nicht umsonst ging man im Jahr 2014 dazu über, nicht mehr Russisch als offizielle Arbeitssprache zu verwenden, sondern Englisch.

Für Washington ist das "GUAM-Revival" eine perfekte Möglichkeit, eine militärische Parallelstruktur zur NATO in der Region zu etablieren. Da die Statuten des westlichen Kriegsbündnisses es verbieten, Länder mit laufenden militärischen Konflikten aufzunehmen, können die Ukraine, Moldau und Georgien nicht der NATO beitreten. Aber sie können eben ein eigenes von der NATO unterstütztes Bündnis schließen, welches ebenfalls gegen Russland gerichtet ist.

Eric Zuesse fasste das Ganze perfekt zusammen: "Was bringt sie zusammen? Alle drei Staaten werden von Oligarchen regiert die Reformen blockieren. Mit ihren Volkswirtschaften in großen Schwierigkeiten, versprechen die regierenden Eliten ihren Völkern das Paradies, wenn sie der EU und der NATO beitreten und gute Freunde der Vereinigten Staaten werden. Die Übernahme einer Anti-Russland-Politik ist ihre Bezahlung für westliche Hilfe und Unterstützung. Ihre eigenen nationalen Interessen und ihre Souveränität werden gegen Krümel ausgetauscht, die vom Tisch des Herren herunterfallen."

mardi, 06 mars 2018

The Romanian State – the tip of the spear of American imperialism

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The Romanian State – the tip of the spear of American imperialism

Ex: http://www.geopolitica.ru

When looking from Chișinău, Romania is seen as being in a dishonorable position, namely as the tip of the spear of American imperialism. After more than a quarter of a century of competing in the zeal of submitting the country to the new overlords in Washington, after ruining and giving away the national economy to foreigners, after giving away their arable land to foreign investors, after tailoring society with the recipes of the New World Order string pullers, it looks like Romanian politicians are starting to present themselves as saviors of the Moldovans. After leaving nothing left of their national sovereignty, after the decision-making process was taken over by the Brussels bureaucracy and its overseas patrons, Bucharest has proudly taken the role of the guide for Chișinău towards the enlightened and irreversible path of Euro-Atlantic integration. 

Around 10 years ago, in a visit of a Romanian Minister of Foreign Affairs in Chișinău, the guest made an interesting statement during the press conference held with his Moldovan counterpart – Andrei Stratan, which did not stop the latter in subtly making fun of it. The Romanian official said: “Romania is ready to commit itself to being the lawyer of Moldova in the process of European integration”, to which Andrei Stratan responded: “Thank you very much, dear colleague. But Moldova did not commit any crime on the international scale and does not need a lawyer”. Leaving all jokes aside, the time has come to make some clarifications on the relationship between Bucharest and Chișinău, from a geopolitical perspective. Such types of analysis will not affect consumers of national myths such as “the centenary of the Great Union – an opportunity of repeating history”, those who cannot distinguish between reality and non-reality, but rather choose to force reality according to the oniric state, bringer of hope and delight. It is not for them that we write these lines, but for those who do not confuse the bureaucracy of Bucharest with history, culture, spirituality and the historical development of a people. 

To honour the memory of our ancestors, to experience feelings of national dignity around the glories of Stephen the Great or to drink out of the inexhaustible fountain of the works of Eminescu, Enescu, Brâncuși, Eliade, Noica and so many others who represent our history and our culture does not necessarily mean to have respect and more importantly, be obedient to the envoys of Bucharest, who are insisting on making us happy against our will.

From a wider perspective that takes into account international realities in their whole complexity, things are as follows. After convincing the wayward Saakashvili to measure his military potential with that of Russia in 2008, the adventure concluded itself with the loss (for good?) of two parts of national territory, which became subjects of international law and protectorates of Moscow. After instigating the new regime in Kiev to reckless actions in 2014, which resulted in massive military hostilities, considerable losses of human lives, the takeover of the Crimean peninsula by Russia, and the de facto secession of the eastern parts of the country aspiring to definitively separate from Ukraine, US strategists have achieved their goal: both Georgia and Ukraine have been determined to seriously damage their relations with Russia (to the detriment of their own national interests) and – here is the key !!! – need the US protection against „Russian danger”. Bullseye!

History shows that the Anglo-Saxon string pullers are the finest, the most perverse and experienced masters in stimulating nationalism everywhere in the world, to their imperial advantage and to the misfortune of the blind peoples used in these dirty and bloody geopolitical games. It is enough to take a brief look at the intrigues schemed by them in Asia, in the Arab World or in Africa in the past couple of hundreds of years in order to realize that the state of the relationship between Romania and the Republic of Moldova are not an exception but on the contrary, an example of this old and perfidious imperial logic that conducts itself by the eternal saying “Divide and conquer!”. 

These tools are very effective, as they fill in wonderfully old historical animosities, springing out of the conflicts of the great powers that have not bypassed our people. Cutting and changing of maps, depending on the ability of waging wars, in using military force or the threat of using it, which brought disaster and endless suffering to many millions of people, the plagues of the communist regime, with its repression, deportations, enslavement and denationalization of peoples that found themselves in the middle of the Comintern boiler – all of this is perfectly true in our case too. And it is exactly here that we get caught up in the net of the string pullers from overseas. The thirst for revenge, the ardent desire to restore historical truth are what make up the raw material for the maneuverers from the Euro-Atlantic centers of influence.  

In the case of the Republic of Moldova, after a violent overthrow (the Moldovan Maidan avant la lettre on Aprile 7, 2009), the power was usurped by a couple of mafia-type clans (which in the meantime has reduced to one) and the American prestidigitators managed to accomplish the plan that served in preserving the country’s imperial interest. And it is namely one plan, at the hands of anyone who is not blind or is not playing the fool. That is, to take over the decision-making process in exchange for some financial alms, which are given according to the degree of obedience of the pawns of Moldovan state hierarchies. What exactly are these jacks supposed to do? Barely anything, except: 

  • 1) To open the gates to the free-trade economy of the flow of goods, capital and foreign services (= the death of the national economy);
  • 2) To declare their eternal fidelity to the European course of the country, (the EU being conceived from the start, after 1945, as a vassal of the US);
  • 3) to declare itself an integral part of the US’s total geopolitical war against Russia (a successful mission – the expelling of Russian diplomats, the permanent expulsion of journalists from that country, the banning of TV broadcasting, etc.).
  • 4) to abandon methodically the country’s neutral status in favor of inexorable NATO membership.

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We will need to spend some time on the last point. The whole bustle concerning the opening of the NATO Documentation Center, with visits by the dignitaries of this US-controlled political-military bloc in Chisinau, with the commitments of the Moldovan officials to buy US weapons (why not, if we have a budget surplus and there aren’t any social emergencies to solve, right?) and send Moldovan soldiers to trainings so that they can meet NATO standards. And in this abominable and unfortunate show, our „regional patrons”, the Romanian officials, have also engaged. Even the Romanian Minister of War showed up, who walked arm in arm with our Defense Minister and the Romanian PM too honored us with her presence. We are courted with great insistence by our brothers (and sisters – not to offend the feminists engaged in the gender equality battle) from beyond the Prut river who are trying to do everything just to see us under the big NATO umbrella (and the generous EU, of course).

The siren songs are sung in chorus by the American falcons (disguised as pigeons of peace) and the puppets from Brussels and Bucharest. But instead of a state of bliss, the cacophony with sound of guns and smell of gunpowder causes concern. 

NATO’s lure to Moldova, as well as the fuss regarding the centenary of the Great Union, has no purpose other than to provoke as much internal tension as possible, to get spirits fired up in the Transnistrian region and Gagauz autonomy, and ultimately to create a small civil war, followed by territorial disintegration and the transformation of the country into an ungovernable area. And the end is known. Look at the case of Georgia in 2008 and Ukraine in 2014, which is far from being over.

If we are to take a look at the map of our region, everything becomes extremely clear. Romania has already entered NATO (although the sinister joke, according to which NATO has entered Romania, not vice-versa, is perfectly true), Ukraine is to be incorporated into this bloc in the nearest time, and Moldova, a small, poor and vulnerable country has the ambition to remain neutral. This is not acceptable. This confusion or temporary state, if you wish, can no longer last. The stake of the US military-industrial complex is clear, the tasks are set, and the roles – distributed. 

„Carthage must be destroyed!”  – the falcons of American militarism repeat obsessively to the point of fainting. And the role of Carthage is attributed, as is well known, to Russia. And for this historic mission, prescribed by the god of war, the Atlanticists are ready to sacrifice without remorse a country like Moldova, as they have always done in such situations. It is only regrettable that in this pessimistic scenario, the role of the tip of the spear, of false guide, is given to Bucharest.

It is namely this that causes the biggest mess in the collective mentality from the Republic of Moldova. People who are sympathetic towards Romania are not always able to think of concepts such as the one of the great Romanian sociologist Dimitrie Gusti, who called these types of situations as “a conflict between the state and the nation” or the „superposed strata”, in Eminescu’s words. The superstructure, the ruling class, the anti-elite at the head of the country is not guided by the interests of the nation, but it serves foreign interests to the detriment of its own country and at the same time to the detriment of Moldova. Whether it’s just hypocrisy or plain stupidity, that’s another story. It is likely that we will never know if they are mercenaries who understand and take on their mischievous mission or just blind tools, „useful idiots”, „blind pilots”, as young Eliade would say.

It is certain that heavy clouds are gathering over the already not-so-bright sky of the Bessarabian region. And only God knows if we will be able to avoid a dramatic outcome.

Source - FLUX.md

dimanche, 23 avril 2017

Turquie: deux sociétés irréconciliables?

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Bob Woodward:

Ex: http://www.decryptnewsonline.com 

C’est une victoire étroite, lourde d’inconnues, que celle remportée par Recep Tayyip Erdogan dimanche 16 avril lors du référendum destiné à instaurer une « hyperprésidence », donnant au chef de l’Etat des pouvoirs sans précédent, lui permettant de contrôler l’exécutif mais aussi très largement le législatif et le judiciaire. Le oui l’a emporté avec 51,3 % des suffrages, selon des résultats non encore définitifs. Loin du plébiscite escompté il y a encore quelques mois par celui que ses partisans appellent « reis » – le chef – et qui se sentait renforcé après l’échec du coup d’état militaire de juillet 2016. Près de 25 millions d’électeurs turcs ont voté pour les dix-huit amendements à la Constitution, soit 1,5 million de plus que ceux qui les ont rejetés. Selon des résultats quasi-définitifs, 51,3% des Turcs ont approuvé dimanche la réforme transformant leur pays en République présidentielle, après neuf décennies de régime parlementaire. Le chef de l'Etat, Recep Tayyip Erdogan, a revendiqué sa victoire, qu'il a qualifiée de «moment historique», appelant «les autres pays à respecter la décision du peuple turc» et s'engageant à lancer «immédiatement» les travaux sur le rétablissement de la peine de mort - une promesse de campagne. Devant des milliers de partisans réunis à Ankara, le Premier ministre et chef du parti au pouvoir (Parti de la justice et du développement, AKP), Binali Yildirim, a quant à lui salué «la plus belle réponse» aux commanditaires de la tentative de putsch de juillet 2016, aux séparatistes kurdes et aux «forces étrangères hostiles à la Turquie». Plus de 86 % des électeurs ont participé au scrutin.
 
Cette victoire étriquée, le pouvoir turc la doit à ses bastions conservateurs d'Anatolie centrale et de la mer Noire, tandis que le non l'emporte dans les plus grandes villes du pays: Istanbul, Ankara et Izmir. . Il devra surtout justifier sa décision de dernière minute d'accepter comme valides de nombreux bulletins normalement considérés comme irréguliers - car exempts de sceau officiel. L'opposition devrait utiliser cette procédure discutable pour remettre en cause le résultat. «Le référendum a montré qu'au moins 50 % de la société disait non» à cette réforme, a dénoncé le leader de l'opposition, Kemal Kiliçdaroglu. «Nous respectons le verdict du peuple mais le YSK a jeté une ombre sur le résultat», a poursuivi le chef du Parti républicain du peuple (CHP). La deuxième formation d'opposition, le Parti démocratique des peuples (HDP, pro-kurde), a fait savoir qu'il allait contester les votes provenant de «deux tiers» des urnes, dénonçant des «manipulations».
 
L'opposition refuse donc de s'avouer vaincue. Et pour cause: pendant toute la campagne, le non a nargué le oui dans les intentions de vote. Ignorés par les grands médias (y compris les chaînes publiques), privés des ressources de l'Etat, assimilés aux terroristes, séparatistes et putschistes, invisibles sous les kilomètres de banderoles du oui qui ceinturaient l'espace public, les partisans du non - soit tous les partis politiques à l'exception de l'AKP et de son allié ultranationaliste MHP - ont cru à la victoire. Il a fallu attendre les dernières semaines pour que la machine du pouvoir achève vraisemblablement de convaincre les indécis - ou de les effrayer.
 
«Si le non l'emporte, nous entrerons dans une période de chaos ou d'instabilité», avait prévenu le ministre du Commerce, Bülent Tüfenkci, tandis que le Premier ministre, Binali Yildirim, promettait d'en finir avec le terrorisme en cas de victoire du oui. Des peurs et des promesses agitées pendant la campagne par le chef de l'Etat qui, dix jours avant le vote, appelait même les électeurs tentés par un refus à «ne pas mettre en danger leur vie après la mort». «On se demande ce que le résultat aurait pu être si les conditions de campagne avaient été équitables», écrivait l'éditorialiste Murat Yetkin dans le quotidien Hürriyet à la veille du référendum.
 

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La Turquie, plus polarisée que jamais, ne sort pas non plus indemne de ces deux mois de campagne. «Des choses ont été dites qui ne l'avaient jamais été et ont aggravé la dimension Kulturkampf au sein de la société», estime le politologue Ahmet Insel. Comme lorsque le président a accusé ses opposants d'être du côté des terroristes. Ou lorsqu'un éditorialiste influent et proche d'Erdogan, Hayrettin Karaman, a écrit que le oui était un «devoir religieux» et que les musulmans devraient désormais traiter les électeurs du non comme les juifs et chrétiens auxquels on accorde le droit de vivre. Ailleurs, un imam leur a promis l'enfer. A Istanbul, un employé municipal a assimilé sur Facebook - avant d'être mis à pied - les femmes et les filles des partisans du non à des «butins de guerre». Pour Ahmet Insel, qui tient une chronique dans le quotidien d'opposition laïque Cumhuriyet, «on a vu pour la première fois un discours musulman dominant, autoritaire, sûr de lui et agressif. Cela va probablement aggraver la peur mutuelle des deux côtés.»
 
Quant à la réforme en elle-même, elle n'entrera pas en vigueur avant les prochaines élections législatives et présidentielle, censées se tenir le même jour de novembre 2019. D'ici là, Recep Tayyip Erdogan - qui a semblé écarter dimanche la perspective d'élections anticipées - continuera d'user de tous les pouvoirs dont il dispose déjà. A deux nouvelles exceptions près: le président pourra reprendre immédiatement sa carte de l'AKP, qu'il avait dû quitter en août 2014 au nom de l'impartialité de sa fonction. Quant au Conseil des juges et procureurs (HSK), qui nomme et révoque les magistrats, il sera remodelé sous 30 jours par le chef de l'Etat, qui achèvera ainsi d'asseoir son autorité sur l'appareil judiciaire.
 
S’adressant à plusieurs centaines de ses supporteurs réunis devant son palais de Tarabya, sur la rive européenne du Bosphore, M. Erdogan a évoqué une « victoire historique » en insistant sur le rôle « décisif » du vote des Turcs de l’étranger. « Le 16 avril est une victoire pour la Turquie pour ceux qui ont voté oui et pour ceux qui ont voté non », a-t-il clamé.

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« Le pays a pris une décision historique », s’est félicité le chef de l’Etat tout en mettant en garde tous ceux qui contesteraient le résultat de la consultation. « Tout le monde devrait respecter la décision de notre nation, en particulier nos alliés », a-t-il insisté alors que les Européens n’ont pas caché leurs inquiétudes sur une réforme constitutionnelle qui remet en cause nombre des principes de l’Etat de droit et notamment la séparation des pouvoirs.
 
Le caractère pour le moins étriqué de la victoire du oui représente un véritable camouflet pour l’homme fort de la Turquie. Le non gagne en effet dans les grandes villes du pays, à commencer par Istanbul, dont M. Erdogan fut le maire, et Ankara. C’est un signal fort car ces deux villes votent majoritairement depuis 1994 pour les partis islamistes, d’abord le Refah (Parti de la prospérité, interdit en 1998) et depuis 2002 pour l’AKP (Parti de la justice et du développement).
 
Les habitants de plusieurs quartiers d’Istanbul acquis au non – entre autres à Besiktas, du côté européen du Bosphore, à Kadikoy et à Maltepe, côté asiatique – sont descendus dans la rue pour protester contre la victoire proclamée de M. Erdogan. A Sisli et à Cihangir, d’autres partisans du non se sont livrés à un concert de casseroles depuis leurs fenêtres et leurs balcons, peu après la tombée des résultats.
 
Ce retournement représente un avertissement pour le leader de l’AKP, qui disposait déjà d’un pouvoir sans équivalent depuis Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République turque. L’AKP et le MHP – le parti de la droite ultranationaliste dont le leader, Devlet Bahceli, appelait aussi à voter oui – représentaient lors des scrutins de novembre 2015 63 % des électeurs d’Ankara et 62 % de ceux d’Istanbul. A peine 48 % des électeurs de ces deux métropoles ont voté pour le oui, soit une perte de plus de 10 points. Au sein même de l’AKP, cette concentration du pouvoir entre les mains d’un seul homme suscitait une réelle inquiétude.
 
Le référendum a accru les divisions du pays et la polarisation toujours plus extrême entre partisans et adversaires de M. Erdogan. « Il a gagné officiellement mais il a perdu politiquement », relève l’universitaire Ahmet Insel, directeur de la prestigieuse revue Birikim. Si légalement le président peut et va mettre en œuvre sa réforme constitutionnelle, sa légitimité est sérieusement écornée par le résultat du vote. « Une réforme d’une telle ampleur qui bouleverse les fondamentaux de la république ne peut s’appuyer sur une si courte majorité, de surcroît contestée », relevait sur les ondes de CNN Türk Murat Yetkin, directeur du quotidien Hurriyet Daily News.
 
L’étroitesse de la victoire du oui attise les polémiques sur les irrégularités du scrutin de la part de l’opposition, le CHP (Parti républicain du peuple, laïque) et le HDP (Parti démocratique des peuples, pro-kurde). Le CHP, la principale force de l’opposition, a annoncé qu’il allait demander un nouveau décompte de la moitié des bulletins en dénonçant des « actes illégaux ». La controverse porte sur les bulletins de vote non tamponnés par les scrutateurs présents dans les bureaux.
 
Quand le décompte a commencé, la Haute Commission électorale (YSK) a fait savoir que les bulletins dépourvus de tampons seraient considérés comme valides, contrairement à ce qui prévalait jusqu’ici. Cette décision, véritable entorse à la pratique habituelle, a été prise « à la demande de représentants de l’AKP », a précisé Sadi Güven, le président de la YSK. « Plus d’un million et demi de votes douteux ont ainsi été validés », a accusé Erdal Aksunger, un des vice-présidents du CHP. « Celui qui a pris le cheval est déjà parti », a lancé M. Erdogan, laissant entendre, par le biais de ce proverbe populaire, qu’il était trop tard pour contester quoi que ce soit.
 
Dans le sud-est du pays, à majorité kurde, et notamment dans les bastions historiques du Parti démocratique des peuples (HDP), le non l’emporte sans surprise mais sans éclat avec des scores contrastés, allant selon les provinces de 57,2 % à 72,6 % des voix.
 
Le scrutin de dimanche intervient après une série de bouleversements majeurs dont le mouvement kurde ne s’est pas relevé. En deux ans, il a eu à subir l’échec des guérillas urbaines menées par sa branche armée, qui s’est prolongé par la destruction ou la mise sous coupe réglée par les forces de sécurité de villes qui lui étaient acquises, des vagues d’arrestations massives au sein de son encadrement, l’emprisonnement du leader du HDP, le très populaire Selahattin Demirtas, et la perte de 80 des 102 municipalités kurdes dont il s’était emparé par les urnes au profit d’administrateurs nommés par l’Etat.
 
Malgré ce contexte défavorable et une campagne qui n’a pas été menée à armes égales contre le camp du oui, la carte du non dans le sud-est dessine encore un territoire cohérent, à majorité kurde. « La victoire du non dans des régions kurdes montre qu’elles conservent leur identité politique, que nous existons en tant que Kurdes et que le changement constitutionnel n’est pas légitime », estime Osman Baydemir, porte-parole du HDP, ancien maire de Diyarbakir, la capitale officieuse des Kurdes de Turquie.
 
Cependant, le rejet du projet constitutionnel ne se confond pas avec un vote d’adhésion pour le HDP et la persistance d’une enclave kurde hostile au pouvoir ne vaut pas sécession. Au sein même de cette zone et bien que la mesure des irrégularités qui ont entaché le scrutin ne soit pas encore connue, les scores du non restent inférieurs à ceux obtenus par le HDP lors des élections de novembre 2015.
 
Si M. Erdogan gagne, il n’en est pas moins politiquement affaibli, y compris sur la scène internationale. La campagne électorale a fortement dégradé les relations entre le président turc et plusieurs dirigeants européens, dont la chancelière allemande Angela Merkel, qu’il a accusée de « pratiques nazies » pour avoir refusé aux officiels d’Ankara de mener campagne dans son pays. Et il relance le défi.
 
Face à la foule de ses partisans qui à Istanbul scandait des slogans en faveur de la peine de mort, le président turc, accompagné par sa femme, Emine, a promis de « discuter au plus vite de ce sujet avec le premier ministre [Binali Yildirim] ». « Nous pourrions organiser un référendum », a-t-il lancé. Le retour en vigueur de la peine capitale en Turquie donnerait le coup de grâce au processus d’adhésion à l’Union européenne, déjà plongé dans un coma irréversible.

samedi, 29 octobre 2016

Réflexions géopolitiques sur les turbulences du Donbass

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Robert Steuckers:

Réflexions géopolitiques sur les turbulences du Donbass

Maintes fois, j’ai eu l’occasion de souligner l’importance de l’Ukraine et plus spécialement de la partie orientale de cette nouvelle république née après la dissolution de l’Union Soviétique. Cette partie, le Donbass, est aujourd’hui en effervescence, une effervescence fabriquée et importée dans des buts bien précis. Cette région est en effet une région-portail (une « gateway region » disent les stratégistes américains), c’est-à-dire une région dont la maîtrise assure le contrôle et la fluidité optimale des communications entre les blocs impériaux, les vastes espaces politiquement unifiés, situés à l’Est et à l’Ouest de leur territoire. Si une puissance extérieure à cet espace finit par contrôler une telle région-portail, les communications optimales entre les empires voisins se compliquent voire se tarissent. En l’occurrence, une pacification du Donbass sans russophobie ni europhobie permettrait à l’Union européenne, à la Russie, aux petites puissances du Caucase, au Kazakhstan, à l’Iran et finalement à la Chine de construire et de consolider sur le long terme des réseaux ferroviaires, routiers et fluviaux donc à fonder des impérialités pratiques autorisant tous les échanges sur la masse continentale asiatique : nous aurions un dépassement des infra-impérialismes, des survivances des impérialismes antagonistes du passé, de tous les internationalismes secs et irrespectueux des legs du passé, etc. Les dynamismes globaux pourraient s’exprimer mais sans araser les traditions pluriséculaires voire plurimillénaires des civilisations qui ont marqué de leur sceau de vastes régions d’Eurasie.

L’histoire des théories géopolitiques nous l’enseigne : l’impérialisme britannique hier, l’impérialisme américain aujourd’hui ont toujours refusé toute synergie continentale à même d’impulser des dynamismes qui échapperaient à leur contrôle et procureraient aux peuples des fluidités qui ne seraient pas marines. On connait l’histoire du « Grand Jeu » à partir du 19ème siècle : la puissance maritime britannique, maîtresse des Indes, cherchait par tous les moyens à repousser la puissance continentale des tsars loin des « rimlands » qu’elle entendait contrôler jusqu’à la fin des temps. La guerre de Crimée n’est pas autre chose qu’une tentative de bloquer la Russie sur la rive septentrionale de la Mer Noire. Dans Kim, un roman de Kipling situé aux Indes, il s’agit de démasquer les espions russes qui se promènent, sous prétexte de recherches archéologiques, géologiques ou zoologiques, dans les montagnes de l’Himalaya ou de l’Hindou Kouch. Aujourd’hui, on n’envoie pas la Brigade Légère ou les troupes de Mac Mahon en Crimée : on pratique la guerre de quatrième génération, la guerre indirecte, le « proxy warfare ». Les combats qui se déroulent dans le Donbass à l’heure actuelle ne sont finalement que des réactualisations de ceux qui ont ensanglanté la Crimée entre 1853 et 1856.

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Nous vivons un cycle non encore clos de guerres mondiales depuis les affrontements franco-britanniques en marge de la guerre européenne de Sept Ans, à la suite de laquelle la France a perdu l’Inde et le Canada, soit toute prépondérance en Amérique du Nord et dans le sous-continent indien, dans l’Atlantique Nord et l’Océan Indien (« Océan du Milieu »). Suite à cette défaite majeure, Louis XVI poursuit une politique navale qui mènera le Royaume de France à reprendre le contrôle de l’Atlantique Nord en 1783, suite au soulèvement des « Insurgés » américains, tandis que, la même année, Catherine II, Impératrice de toutes les Russies, boute les Ottomans hors de Crimée et y installe des bases navales russes, dans l’intention de cingler vers Constantinople, de franchir les Dardanelles et de pénétrer dans le bassin oriental de la Méditerranée. Catherine II voulait créer une civilisation éclairée germano-balto-slave entre Baltique et Mer Noire, marqué par les souvenirs lumineux de l’hellénisme.

La situation est analogue aujourd’hui. Un retour de la Russie dans les ports de Crimée signifie, aux yeux des Atlantistes qui ne pensent qu’en termes de belligérance éternelle, 1) une menace permanente sur la Turquie (en dépit de l’alliance actuelle et très récente entre Erdogan et Poutine), 2) un risque de voir Moscou revenir et s’accrocher en Méditerranée orientale, au départ de la base navale de Tartous en Syrie. Pour enrayer ce processus potentiel, contraire aux intentions géopolitiques habituelles des puissances maritimes anglo-saxonnes, il faut désormais, dans la perspective des guerres de quatrième génération, soit fabriquer une nouvelle « révolution orange » analogue à celles de 2004 et de 2011, soit, si ce type de subversion ne fonctionne plus, créer un abcès de fixation durable sous forme d’un conflit chaud plus ou moins classique, afin d’atteindre un double objectif : barrer la route des Dardanelles à la Russie, imposer un verrou sur la nouvelle route de la soie entre l’Europe et la Chine, exactement à l’endroit où Génois et Vénitiens se connectaient aux voies commerciales de l’Asie centrale, vers l’Inde et la Chine, principales puissances économiques de la planète avant la révolution industrielle, la conquête définitive des Indes par les Britanniques et la destruction de la Chine impériale suite aux guerres de l’opium.

La stratégie des révolutions de couleur a certes fonctionné en Ukraine mais elle s’est aussi avérée insuffisante pour éliminer toute présence russe en Crimée et en Mer Noire ou pour gêner l’utilisation de la voie fluviale que constitue le Don, qui se jette en Mer Noire juste à l’Est de la péninsule criméenne, un Don qui lie les espaces maritimes pontique et méditerranéen au cœur des terres russes. Pour pérenniser un abcès de fixation au flanc d’une Russie qui se réaffirme, il faut bien davantage que du désordre civil permanent, que des manifestations ou des concerts de casseroles. Il faut une zone de turbulences chaudes, il faut exploiter des facteurs plus explosifs, plus incendiaires (ce n’est pas un hasard si l’on commence à reparler de « pyropolitique », c’est-à-dire de stratégies visant littéralement à livrer les pays récalcitrants  -ou les régions-portail utiles aux adversaires principaux du moment-  à un feu dévorateur, celui de la guerre chaude entretenue sur le long terme ou celui du terrorisme qui manie explosifs, voitures piégées, etc). Pour déclencher et maintenir cette pyro-stratégie, les services utiliseront des formes résiduaires de nationalisme outrancier, qui ont sans doute eu leurs raisons dans l’histoire, comme d’autres reliquats de nationalismes violents en Europe occidentale. Mais qui aujourd’hui ne servent plus qu’à asseoir des politiques belligènes et retardatrices d’une grande synergie eurasiatique. Je rappelle ici que Carl Schmitt qualifiait de « retardatrices » les puissances thalassocratiques anglo-saxonnes : ou, plus subtilement, des « accélératrices contre leur volonté » car leurs démarches retardatrices accéléraient la prise de conscience de leurs adversaires qui, pour répliquer, ne pouvaient que faire taire tous leurs antagonismes stériles et anachroniques.

Les mêmes services retardateurs (ou accélérateurs involontaires, Beschleuniger wider Wille) importeront, pour parachever l’horreur, dans l’Est de l’Ukraine ou en Crimée, une dose de djihadisme tchétchène pour pallier le manque d’enthousiasme ou de volontaires. On tentera, dans la foulée, de lier ce djihadisme, forcément marginal en Ukraine, terre uniate à l’Ouest, terre orthodoxe au centre, à l’Est et au Sud, à celui des djihadistes du Caucase ou de Syrie. Il se créera ainsi une internationale des forces subversives/retardatrices, insoupçonnée pour le commun des téléspectateurs vu son invraisemblable hétérogénéité, fabriquée au départ de nationalismes résiduaires, de souvenirs de la seconde guerre mondiale, de particularisme tatar ou d’islamisme fondamentaliste : les techniques d’ahurissement médiatique pourront alors donner leur pleine mesure ! C’est là, précisément, que réside la supériorité des internationales de fausse résistance, mises en œuvre par les puissances maritimes : elles sont vendues à un public occidental ignorant à grands renforts de campagnes médiatiques, un public qui, par le truchement d’une autre propagande biséculaire, se croit le plus éclairé de la planète où ne vivraient que des abrutis. Elles parviennent à mobiliser et à unir des forces qui seraient normalement hostiles les unes aux autres, ou qui s’ignoreraient si aucune impulsion extérieure ne s’exerçait, dans un projet destructeur dont elles seront les seules à tirer bénéfice.

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Les Etats-Unis peuvent se permettre une telle stratégie destructrice, pyropolitique, parce qu’ils sont une puissance extérieure aux espaces russe, pontique, méditerranéen oriental, proche-oriental.  Les effets destructeurs qu’ils enclenchent n’ont guère d’effets sur leur propre sanctuaire national. La bride est laissée sur le cou du milliardaire Soros pour créer ce chaos au départ de sociétés en apparence privées, d’organisations non gouvernementales qui reçoivent tout de même de larges subsides de fondations liées aux deux principaux partis américains. Ces interventions subversives sont autant d’indices de ce que la géopolitique allemande de Karl Haushofer nommait des « Wachstumsspitzen », soit des « pointes avancées d’une croissance », en l’occurrence une croissance impérialiste illégitime car anti-impériale et retardatrice de processus unificateurs et pacificateurs.

La présence américaine en Méditerranée est déjà l’indice de l’éviction des puissances maritimes européennes hors de l’espace même de leur propre aire civilisationnelle. Ce processus d’éviction s’est effectué en plusieurs étapes. Immédiatement après la première guerre mondiale, est signé le bien oublié Traité de Washington (1922). Ce Traité impose la parité du tonnage des flottes de guerre pour les Etats-Unis et le Royaume-Uni (+ /- 500.000 tonnes), octroie 300.000 tonnes au Japon qui hérite dans le Pacifique de la Micronésie allemande et ne laisse à la France que 220.000 tonnes et à l’Italie à peine 180.000 tonnes. Les puissances méditerranéennes sont lésées. L’Allemagne et la jeune URSS ne sont pas concernées par le traité, les bâtiments de la flotte austro-hongroise ont été détruits ou redistribués aux alliés vainqueurs (dont la Yougoslavie). Le tonnage et le statut de la flotte allemande sont réglés par le Traité de Versailles, qui les réduit à presque rien. Les puissances thalassocratiques sont telles parce qu’elles ont imposé un traité qui jugulait expressément le tonnage de leurs adversaires ou de leurs alliés putatifs. Aucune puissance ne pouvait égaler ou dépasser la flotte américaine en plein développement depuis 1917 ; aucune puissance maritime mineure (ou devenue mineure) ne pouvait dépasser les tonnages qui leur avaient été imposés en 1922. Ce Traité de Washington est rarement évoqué, bien qu’il soit déterminant pour l’histoire mondiale jusqu’à nos jours (où la Chine développe ses capacités maritimes en face de ses côtes…). On ne l’évoque guère car la France de la Chambre bleue-horizon, qui chante une victoire chèrement acquise au prix du précieux sang de ses classes paysannes, voit cette victoire se transformer en victoire à la Pyrrhus dès le moment où ce Traité de Washington lui barre de fait la route du large et écorne sa puissance en Méditerranée. La flotte de 220.000 tonnes est certes suffisante pour tenir les parts de l’Empire en Afrique du Nord et au Levant mais est bien insuffisante pour dominer le large, pour se projeter vers le Pacifique ou l’Atlantique Sud. Tirpitz l’avait dit : à l’aube du 20ème siècle, une puissance n’est vraiment puissante que si elle a pu développer ses capacités navales. L’Italie n’obéira quasiment jamais aux injonctions du Traité. L’Allemagne ne remontera jamais la pente, en dépit de son régime totalitaire. La France non plus, ni avant guerre ni après guerre, malgré les audaces théoriques de l’Amiral Castex à l’ère gaullienne.

En 1940, l’horrible tragédie de Mers-el-Kébir porte un coup terrible aux capacités maritimes de la France. A partir de 1945, la présence américaine en Méditerranée occidentale et orientale, dans le cœur même de l’espace civilisationnel européen, est prépondérante et se renforce par le soutien inconditionnel apporté à l’Etat d’Israël, devenu au fil des décennies le gardien des côtes les plus orientales de la Grande Bleue, à portée du Canal de Suez. Après l’affaire de Suez en 1956, Britanniques et Français sont vivement priés de cesser toute revendication dans l’espace est-méditerranéen.

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La double problématique de la Crimée et du Donbass doit être pensée dans ce contexte général d’éviction des petites et moyennes puissances maritimes hors des mers intérieures de la grande masse continentale eurasienne. Les grandes puissances thalassocratiques ont d’abord visé la Méditerranée (et l’Adriatique qui offre un tremplin vers le cœur de la Mitteleuropa germano-danubienne), ensuite le Golfe Persique par les interventions successives contre l’Irak de Saddam Hussein et par le boycott de l’Iran (précédé d’un sabotage de la flotte du Shah). Aujourd’hui, c’est la volonté de s’immiscer plus profondément encore dans cette masse continentale, en contrôlant la Mer Noire et en contenant la Russie le plus loin possible de son littoral, qui justifie les interventions en Ukraine et en Crimée, le soutien à une Géorgie en voie d’occidentalisation politique et l’appui indirect, par financement saoudien ou qatari, des djihadistes tchétchènes ou daghestanais. Demain, en déployant une double stratégie de soutien et aux djihadistes caucasiens et à un Azerbaïdjan qui, allié à la Turquie, neutraliserait l’Arménie (encore maîtresse du Nagorno-Karabagh), en organisant ensuite la subversion de l’Ouzbékistan après le récent décès de son président Karimov, la thalassocratie américaine visera à contrôler aussi la Caspienne pour en chasser Russes et Iraniens et pour arrêter la « Wachstumsspitze » économique chinoise en Ouzbékistan, qui lui livre désormais la quasi-totalité des hydrocarbures qu’il produit. Finalement, la stratégie de Brzezinski, élaborée dans son ouvrage Le Grand échiquier (1997), triomphera si aucune résistance ne se dresse, si aucune rétivité par rapport aux médias dominants ne surgit pour contrecarrer ce projet faisant fi de la diversité et de la multipolarité du grand espace eurasien et du monde. Tels sont les enjeux vitaux qui se jouent aujourd’hui au Donbass. Peu d’Occidentaux l’ont compris. Quelques-uns, des aventuriers aux cerveaux hardis, participent à ce combat pour préserver l’héritage de la triple alliance continentale du 18ème entre la France, l’Autriche et la Russie.

 (Forest-Flotzenberg, octobre 2016).

vendredi, 17 juin 2016

Euro-Rus Russia/Donbass Tour May 2016 Interview Igor Strelkov (FR-RUS)

Euro-Rus Russia/Donbass Tour

May 2016

Interview Igor Strelkov (FR-RUS)

Interview with Igor Strelkov by Euro-Rus analyst Jacob Issa
(French - Russian)

samedi, 09 janvier 2016

La Turquie, l'Islam sunnite et le grand jeu américain

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La Turquie, l'Islam sunnite et le grand jeu américain

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Nous ne cessons pas ici de nous étonner devant l'aveuglement européen face à la volonté d'Erdogan de rebâtir un néo-Empire ottoman qui s'opposerait directement aux Etats arabes chiites du Moyen-Orient, à la Russie, à la Chine et finalement à l'Europe, celle-ci incarnant de nouveau pour les besoins de la cause l'Empire Chrétien d'Occident.
 
Il est incontestable qu'Erdogan est devenu depuis quelques mois un fou furieux qu'il faudrait traiter comme on ne l'a pas fait d'Hitler au premier temps du nazisme, l'isoler et le détruire politiquement. Mais il n'est pas seul dans son délire d'impérialisme belliqueux. Il est soutenu comme l'ont montré les dernières élections à Ankara par l'ensemble des musulmans turcs. Ceux-ci se réclament du sunnisme et voient d'un très bon oeil Erdogan s'en prendre à leurs ennemis au sein de l'Islam que sont les chiites et les Alaouites. Parmi ceux-ci il faut compter en premier lieu les Iraniens chiites et en Syrie l'Etat alaouite de Bashar al Assad.

Les Européens qui pensaient que les guerres de religions s'étaient éteintes depuis plusieurs siècles n'ont pas encore compris qu'une guerre de religion aussi impitoyable que celle ayant opposé Catholiques et Protestants en Europe fait rage entre musulmans sunnites et chiites. Il est pourtant évident que dans les pays où au contraire de l'Europe ne s'est  exercée une utile prise de distance d'avec les religions, les passions humaines qui ont toujours alimenté les guerres entre croyants de diverses obédiences continuent à faire rage.

En dehors de rares athées critiqués comme occidentalisés, les Turcs sont à tous les niveaux de la société des sunnistes convaincus. Ils ne demandent donc qu'à soutenir le « calife Erdogan », dans lequel ils voient une sorte de résurrection de leurs anciens prophètes. Ce soutien s'accompagne de la volonté de faire renaitre une vieille alliance avec les autres pays sunnistes de la région, en tout premier lieu l'Arabie saoudiste et les pétro-monarchies du Golfe. D'où l'inadmissible tolérance qu'ils ont depuis le début exercé à l'égard des soutiens multiples de l'Etat turc et d'Erdogan en premier lieu à Daesh en général et à l'opposition anti-Assad en particulier.

Mais comme toujours les guerres de religions font le bonheur des puissances extérieures qui s'en servent pour imposer leur pouvoir économique et militaire dans la partie du monde où elles sévissent.

Nul n'ignore dorénavant que les Etats-Unis ont toujours soutenu la Turquie sunnite pour en faire une arme de guerre au profit de leurs intérêts pétroliers et stratégiques, ceci par l'intermédiaire de l'Arabie saoudite et de ses alliés tout dévoués à ces intérêts.

Parmi les intérêts stratégiques américains se trouve évidemment une guerre jamais interrompue – au contraire – contre l'Etat russe, son potentiel militaires et son immense domaine territorial. La décision russe, malheureusement un peu tardive, de remettre un pied au Moyen Orient via la Syrie, jusqu'ici terrain de jeu américain, ne pouvait qu'encourager Washington à pousser aux affrontements militaires entre Turquie et Russie.

Les naîfs européens, à part quelques esprits réalistes comme l'ancien ministre français des affaires étrangères Hubert Védrine n'avaient de leur côté jamais compris qu'à travers une adhésion contre nature de la Turquie à l'Union européenne, les Etats-Unis cherchaient à détruire de l'intérieur cette même Union, susceptible de se vouloir indépendante d'eux. Ils n'ont d'ailleurs pas renoncé à l'entreprise, comme le montre le soutien indécent qu'ils apportent à une reprise des négociations entre Bruxelles et Ankara, légitimée par un désir de limiter des afflux de migrants en Europe provoqués par la Turquie et en arrière-main, par les Américains eux-mêmes.

Le talon d'Achille

La machine de guerre turque souffre cependant d'un talon d'Achille qui réside dans l'importante communauté kurde de Turquie. Celle-ci, qui a toujours été tenue à l'écart, fait aujourd'hui de la part d'Erdogan, d'une véritable persécution. Certains parlent de génocide, à échelle réduite. Les relations avec les autres communautés kurdes, en Irak et en Syrie, ont toujours été tendues, les unes et les autres ayant des intérêts économiques différents. Cependant, avec la guerre anti-kurdes menée par Erdogan, elles se ressèrrent jusqu'à faire espérer un jour la mise en place d'un grand Etat fédéral kurde, qui priverait la Turquie de quelques 30% de son territoire.

Ceci n'avait évidemment pas échappé à Vladimir Poutine. Ankara et avec lui l'Otan espéraient une réaction militaire directe à la suite de la destruction par les turco-américains de l'avion russe. Cette réaction aurait provoqué une offensive militaire généralisée de l'Otan, avec appel éventuel à des armes nucléaires tactiques. Mais Poutine, au risque d'être accusé de faiblesse dans son propre camp, ne l'a pas fait.

Il est par contre en train d'attaquer la Turquie par son talon d'Achille. Le chef du parti turc prokurde vient d'être reçu avec beaucoup d'honneurs à Moscou. Ceci ne sera pas sans conséquences dommageables directes pour Erdogan. Par ailleurs d'autres mesures bien plus dangereuses pour la Turquie que l'interdiction du tourisme russe en Turquie sont en cours de mise en place.

Elles consisteront notamment, après plusieurs hésitations, à coopérer avec les Kurdes de Syrie et d'Irak dans la lutte contre Daesh, y compris militairement.. Ce que l'Europe ni d'ailleurs la Russie n'avaient pas jusqu'ici osé faire, en se donnant comme prétexte la propension des dits Kurdes à des trafics en tous genres.

Mais aujourd'hui, pour Moscou, s'impose le diction français « à la guerre comme à la guerre ». Non seulement la coopération avec les Kurdes en Syrie et en Irak complètera utilement leurs interventions anti-Daesh dans la région, mais avec un peu de chance elle pourrait entrainer indirectement un démembrement de l'Etat Turc.

La Turquie, à en croire l'opposition démocratique interne à Erdogan, ne s'en porterait pas plus mal. Mais ce serait la fin des rêves de califat de celui-ci. L'Europe en ce qui la concerne, à commencer par la chancelière Merkel, ne s'en porterait pas plus mal non plus. François Hollande pour sa part le comprendra-t-il ?

 

lundi, 28 décembre 2015

Krim-Tataren: Aufbau einer Guerilla-Truppe mit „türkischer Hilfe“

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Krim-Tataren: Aufbau einer Guerilla-Truppe mit „türkischer Hilfe“

Ein selbsternannter Führer der Krim-Tataren behauptet, dass die türkische Regierung die Krim-Blockade unterstützte. Zudem soll sie eine Guerilla-Truppe unterstützen, die Sabotage-Aktionen auf der Halbinsel durchführen soll. Will die Türkei damit weiter den Konflikt mit Russland anheizen?

Von Christan Saarländer

"Während sich die Kiewer Regierung noch am Kopf kratzt, unterstützen uns die Türken bereits", so Lenur Islymanow, der selbsternannte Führer der militanten Krim-Tataren. Es soll bereits finanzielle Unterstützung von türkischer Seite erhalten haben und diese bald in die ukrainischen Kräfte eingegliedert werden. "Mehr als hundert Mann haben sich uns bereits angeschlossen", so Isylmanov in einem Interview weiter.

Innerhalb von einem Jahr will der Führer der Krim-Tataren zusammen mit den ukrainischen Streitkräften die Krim zurückerobern.Die Mehrzahl der Krim-Bewohner stammt aus Russland und entschied sich in einem Referendum im März 2014 mit überwältigender Mehrheit für die Rückkehr zur Ukraine. Sowohl die Kiewer Putsch-Regierung als auch der Westen akzeptiert diese Entscheidung nicht. Will man die Krim nun also mit terroristischen Aktivitäten wieder zurückerobern?

Zuvor waren bereits die faschistischen Grauen Wölfe aus der Türkei auf der Halbinsel gesichtet worden, die in der Vergangenheit immer wieder durch terroristische Aktionen aufgefallen waren. Auf einem Bild auf Twitter posiert der Organisator der Krim-Blockade mit Anhängern der "Grauen Wölfe" während der Krim-Blockade. Die Krim-Blockade führte auf der Krim zu Stromausfällen. Inzwischen hat das russische Festland die Stromversorgung übernommen.

Contra-Magazin berichtete jüngst von der Beteiligung der türkischen Extremisten an der Krim-Blockade. Die Organisation gilt als gewaltbereit und auch in Deutschland werden die Aktivitäten von den Landesverfassungsschutz-Ämtern mit Sorge beobachtet. Die Vereinigung wird zudem mit dem Stay-Behind-Programm der NATO in Verbindung gebracht, ein ultra-rechtes Partisanenprogramm, welches in Friedenszeiten für zahlreiche Terroranschläge verantwortlich gemacht wurde.

Sollte die Türkei offiziell die Aktivitäten der pro-westlichen Krim-Tataren finanziell Unterstützen, wäre das nach dem Abschuss der russischen Su-24 der nächste feindselige Akt der Türkei. Nach Angeben der Moskauer Nachrichtenagentur TASS verhandelt die Ukraine mit Israel und der Türkei über ein Freihandelsabkommen.

dimanche, 20 décembre 2015

Vers une “ukrainisation” de la Turquie ?

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Vers une “ukrainisation” de la Turquie ?

Ex: http://www.dedefensa.org

On nous dit que les affaires vont soudainement très bien entre la Turquie et l’Ukraine. Le “Calife à la place du Calife“ et le “roi du chocolat”, – respectivement MM. Erdogan et Porochenko, – se sont trouvés comme pacte d'amitié une fondamentale inimité commune qui les pousse à mettre en place une alliance irrésistible. Erdogan s’appuie sur l’OTAN et les USA, Porochenko sur Joe Biden et les USA, ce qui vous a un air de famille ; Erdogan alimente Daesh en bons conseils et en camions-citernes, Porochenko laisse faire ses croix gammées, ce qui vous a un air de complicité. Tous les deux, bien sûr, se jugent assez assurés des “valeurs” postmodernes pour réclamer une admission des plus rapides dans l’UE, ce qui a de moins en moins de chances de se faire ; en attendant cette issue qui ne viendra pas, ces deux pays sont, par des moyens divers, des nuisances constantes pour l’UE, qui doit supporter la pesanteur extrême de leur allégeance supposée.

Voici donc quelques mots sur “les affaires” que Turcs et Ukrainiens envisagent de faire ensemble désormais liés par leur commun sentiment antirusse (Russia Insider du 12 décembre, repris de International Business Times) :

« As tensions between Moscow and Ankara continue, Turkey has turned to another Kremlin foe and Eastern European state: Ukraine. Defense firms in Turkey and Ukraine have begun talks on tank modernization programs, Defense News reported Sunday.

» Both Turkey and Ukraine find themselves at odds with the Kremlin. Russia applied harsh economic sanctions against Ankara after Turkey shot down a Russian jet at the end of November, saying the aircraft crossed into its sovereign airspace. Moscow denies this allegation. Ukraine continues to battle Russian-backed separatists in the Eastern Donbass region in a conflict that has left over 8,000 people dead. Moscow continues to deny playing any direct military role in the conflict in Ukraine. The situation has prompted the leaders of Turkey and Ukraine to warm relations. “We have agreed on a plan of our actions and preparations for my visit to Turkey, which is due in the first quarter of 2016,” Ukrainian President Petro Poroshenko said at the start of the month. “We are expecting this visit to make a breakthrough.” »

Si le processus n’est pas vraiment étonnant, il est remarquable par l’espèce de mimétisme qui est en cours d'installation entre les deux directions, tant la politique semble ne pouvoir se concevoir aujourd'hui que sur l'apriorisme de l'histilité comme référence, y compris les références communes. Notre hypothèse suggère de considérer une évolution de la Turquie qui pourrait avoir lieu si aucun événement majeur ne vient débloquer ses relations avec la Russie. Un tel déblocage semble particulièrement difficile en raison de l’extrême fermeté de la politique russe qui est un élèment nouveau et très puissant d'une part, de l’attitude pour l’instant intransigeante d’Erdogan, facilitée par son isolement intérieur volontaire et l’évolution de son pouvoir vers une sorte d’absolutisme constitutionnel d’autre part.

Il semblerait alors possible que la Turquie d’Erdogan suive une évolution très spécifique, se comportant désormais comme l’Ukraine de Porochenko, empilant menace sur menace contre les Russes, parlant de guerre, de riposte, pratiquant divers actes d’illégalité internationale, figurant avec à sa tête une structure népotique, corrompue et mafieuse (le clan Erdogan), etc. A notre sens, la politique turque ne se trouve pas loin, désormais, d’être engagée sur la voie de se trouver réduite au cadre d’action et à la pratique ukrainiennes, elle-même réduite à développer des séries d’anathèmes antirusses comme axe fondamental de sa politique générale. C’est ce que nous nommons l’“ukrainisation” de la Turquie, qui constitue un processus d’abaissement de la politique extérieure à un simple antagonisme sans issue ni perspective constructive, sinon le ridicule des menaces de destruction de la Russie ; dans ce cadre, la politique se réduit de plus en plus à ne considérer qu’une seule référence, qui est l’hostilité à la Russie, et considérant ses liens avec les autres en fonction de l’attitude des autres vis-à-vis de cette orientation.

Il y a là un “modèle” assez nouveau de “faillitisation” des États (la nouveauté de la chose justifiant de proposer un terme nouveau pour la qualifier) ; c’est-à-dire un processus non pas de faillite normale (il y aura toujours un FMI  de fortune ou un bankster d’infortune pour sauver la baraque au dernier moment) mais bien de développement des structures et du statut de l’État vers une sorte de faillite volontaire, par processus de corruption psychologique avec le reste qui suit selon un objectif de plus en plus unique et essentiellement négatif ; une faillite qui s’effectue dans la mesure de son abaissement, de sa réduction à des processus négatifs de communication essentiellement et au choix d’une narrative également négative (antirusse) à la place de la prise en compte des vérités-de-situation.

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A la lumière de l’exemple ukrainien, ce “modèle“ nous paraît beaucoup plus crédible comme effet des processus-Système, que le modèle traditionnel des “États-faillis” (“failed states”). Il installe l’impuissance et la paralysie à mesure des emportements de la rhétorique, c’est-à-dire la faillite soutenue par la jactance et une sorte de politique du sur-place puisqu’entièrement conditionnée par la négativité des liens avec la Russie. (La Russie est la seule référence à considérer à cet égard à cause de sa puissance pri,ncipielle [la souveraineté] et l'effet antiSystème de plus en plus marqué de sa politique.) Il s'agit d'une sorte de faillite par les termites (considérées comme un symbole de l'évolution décrite), qui minent la psychologie, effectivement évoluant vers une sorte de néantisation de toute existence souveraine. Au bout du compte, ce “modèle“ n’est même plus celui de vassal du bloc-BAO mais plutôt de parasite du Système qui embarrasse le Système plus qu’il ne le sert bien qu’il en soit sa créature, et dont le sort serait de plus en plus de tourner en rond sur lui-même, nourrissant son propre désordre encore plus que disséminer ce désordre hors de lui-même, et minant décisivement sa propre substance. En effet et bien entendu, l“ukrainisation“, ou “modèle ukrainien”, laisse libre à chacun de ses adeptes de développer sa propre forme de désordre intérieur, celui de “Kiev-la-folle“ s'étant déjà imposé comme typique et très spécifique comme il convient à un archétype ; ainsi pourrait-on penser, pour assurer la narrative et rassurer les esprits inquiets, qu'il s'agit d'une sorte de souveraineté, mais invertie : la souveraineté qui s'exprime dans le choix souverain qu'on fait de la forme de sa propre impuissance et du désordre de soi-même.

dimanche, 06 décembre 2015

En dynamitant le gazoduc South Stream, l'Union Européenne fait encore davantage pivoter la Russie et la Turquie vers l'Eurasie

L’Union européenne aurait donc infligé une défaite à Poutine en le forçant à abandonner le projet de gazoduc South Stream. C’est du moins ce qu’entonnent les médias institutionnels occidentaux. Quelle absurdité ! La réalité sur le terrain va dans un tout autre sens

En abandonnant le gazoduc South Stream au profit d’un Turk Stream, la toute dernière manœuvre spectaculaire dans la saga du Pipelinistan [1] ne manquera pas de causer une énorme onde de choc géopolitique dans toute l’Eurasie, et ce, pour un bon moment. C’est le nouveau grand jeu eurasiatique à son meilleur.

Résumons. Il y a quelques années, la Russie a conçu deux projets de gazoduc : le Nord Stream (aujourd’hui pleinement opérationnel) et le South Stream (toujours à l’état de projet), afin de contourner l’Ukraine, qui est peu fiable comme pays de transit. Voilà maintenant que la Russie propose un nouvel accord avantageux avec la Turquie, qui lui permet d’ignorer la position de la Commission européenne, qui n’est pas constructive (dixit Poutine).

 Une récapitulation s’impose pour comprendre le jeu en cours. Il y a cinq ans, j’ai suivi de très près l’opéra absolu [2] du Pipelinistan qu’était la guerre des gazoducs rivaux South Stream et Nabucco. Nabucco avait fini par être écarté. Le South Stream pourrait éventuellement ressusciter, mais seulement si la Commission européenne retrouve ses sens (ne parions pas là-dessus)

S’étendant sur 3 600 kilomètres, le South Stream devait être en place en 2016. Ses embranchements devaient atteindre l’Autriche, les Balkans et l’Italie. Gazprom en possède 50 % des parts, l’italienne ENI 20 %, la française EDF 15 % et l’allemande Wintershall, une filiale de BASF, 15 %. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ces grandes sociétés énergétiques européennes ne sont pas particulièrement enchantées. Pendant des mois, Gazprom et la Commission européenne tergiversaient à propos d’une solution. Sans surprise, Bruxelles a fini par succomber à sa propre médiocrité ainsi qu’aux pressions continuelles des USA par rapport à la Bulgarie, son maillon faible.

La Russie va toujours construire un gazoduc sous la mer Noire, sauf qu’il sera redirigé vers la Turquie et livrera la même quantité de gaz que celle prévue dans le projet South Stream (un point crucial). La Russie va aussi construire un nouveau terminal pour le gaz naturel liquéfié (GNL) en Méditerranée. Gazprom n’a donc pas dépensé cinq milliards de dollars (financement, coûts d’ingénierie) en vain. La réorientation s’avère un choix judicieux du point de vue économique. La Turquie est le deuxième client en importance de Gazprom après l’Allemagne. Son marché est plus important que ceux de la Bulgarie, de la Hongrie et de l’Autriche réunis.

La Russie propose aussi un réseau unique de transport gazier capable de livrer du gaz naturel de partout en Russie à n’importe quel terminal à ses frontières.

Finalement, comme si elle en avait besoin, la Russie obtient une autre preuve éclatante que le véritable marché à forte croissance de l’avenir, c’est en Asie qu’il se trouve, plus particulièrement en Chine, et non pas dans une Union européenne timorée, stagnante, dévastée par l’austérité et paralysée politiquement. Le partenariat stratégique russo-chinois en constante évolution sous-entend que la Russie est complémentaire à la Chine, en excellant dans les projets d’infrastructure majeurs comme la construction de barrages et l’installation de pipelines. Nous assistons ici à des relations d’affaires trans-eurasiatiques ayant une grande portée géopolitique et non pas à l’adoption de politiques teintées d’idéologie.

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Alexandr Zudin

 Une défaite russe ? Vraiment ?

La Turquie aussi en sort gagnante. Car outre l’accord avec Gazprom, Moscou va mettre sur pied rien de moins que l’ensemble de l’industrie nucléaire de la Turquie, sans oublier l’augmentation des échanges liés au pouvoir de convaincre (plus de commerce et de tourisme). Mais avant tout, la Turquie se rapproche encore plus d’être acceptée comme membre à part entière de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Moscou milite activement en ce sens. La Turquie accéderait ainsi à une position privilégiée comme plaque tournante à la fois de la ceinture économique eurasiatique et, évidemment, de la ou des nouvelles routes de la soie chinoises. L’Union européenne bloque l’entrée de la Turquie ? La Turquie se tourne vers l’Est. Un exemple éloquent d’intégration eurasiatique.

Washington fait tout en son pouvoir pour créer un nouveau mur de Berlin s’étendant des pays baltes à la mer Noire, afin de mieux isoler la Russie. Pourtant, l’équipe chargée de ne pas faire de conneries à Washington n’a jamais vu venir le dernier coup que le maître du judo, des échecs et du jeu de go Poutine leur réservait, à partir de la mer Noire en plus.

Depuis des années, Asia Times Online rapporte que l’impératif stratégique clé de la Turquie est de se positionner comme un carrefour énergétique indispensable de l’Orient à l’Occident, d’où transitera aussi bien le pétrole irakien que le gaz naturel de la mer Caspienne. Du pétrole de l’Azerbaïdjan transite déjà par la Turquie via l’oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan) mis de l’avant par Bill Clinton et Zbig Brzezinski. La Turquie deviendrait aussi le carrefour du gazoduc transcaspien, si jamais il se concrétisait (rien n’est moins sûr), pour acheminer le gaz naturel du Turkménistan à l’Azerbaïdjan, puis à la Turquie jusqu’à sa destination finale en Europe.

Ce qu’a accompli le maître du judo, des échecs et du jeu de go Poutine en un seul coup, c’est de faire en sorte que les sanctions stupides imposées par l’Union européenne se tournent de nouveau contre elle. L’économie allemande souffre déjà beaucoup des pertes commerciales avec la Russie.

La brillante stratégie de la Commission européenne gravite autour de ce qu’on appelle le troisième paquet énergie, qui oblige les gazoducs et leur contenu d’appartenir à des sociétés distinctes. La cible a toujours été Gazprom, qui possède des gazoducs dans de nombreux pays en Europe centrale et de l’Est. Puis la cible dans la cible a toujours été le gazoduc South Stream.

Il appartient maintenant à la Bulgarie et à la Hongrie qui, soit dit en passant, se sont toujours opposées à la stratégie de la Commission européenne, d’expliquer le fiasco à leurs populations et de maintenir la pression sur Bruxelles. Après tout, ces pays vont perdre une fortune, sans parler du gaz qu’ils n’obtiendront pas avec la mise au rancart du South Stream.

Voici ce qu’il faut retenir :

  • la Russie vend encore plus de gaz… à la Turquie ;
  • la Turquie obtient le gaz dont elle a grandement besoin à un prix d’ami ;
  • les membres de l’Union européenne, sous la pression de l’Empire du Chaos, en sont réduits à courir encore et encore comme des poules sans tête dans les sombres couloirs de Bruxelles, en se demandant qui les a décapités.

Pendant que les atlantistes reviennent à leur mode par défaut et concoctent encore d’autres sanctions, la Russie continue à acheter de plus en plus d’or.

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La relation Turquie-Russie, vue par le dessinateur libanais Hassan Bleibel : désaccord sur la Syrie, la Crimée et Chypre, accord sur le gaz et le pétrole

 Méfiez-vous des lances néoconservatrices

Le jeu n’est pas terminé, loin de là. Dans un proche avenir, bien des variables vont se croiser.

Ankara pourrait changer son jeu, mais c’est loin d’être assuré. Le président Erdogan, le sultan de Constantinople, voit sûrement dans le calife Ibrahim de l’EIIS/EIIL/Da’ech un rival voulant lui ravir sa superbe. Le sultan pourrait ainsi caresser l’idée d’atténuer ses rêves néo-ottomans et revenir à sa doctrine de politique étrangère précédente, soit zéro problème avec nos voisins.

Pas si vite ! Jusqu’ici, Erdogan était engagé dans le même jeu que la maison des Saoud et la maison des Thani, c’est-à-dire se débarrasser d’Assad pour assurer la mise en place d’un oléoduc partant de l’Arabie saoudite et d’un gazoduc partant du gisement gazier géant South Pars/North Dome au Qatar. Ce gazoduc liant le Qatar, l’Irak, la Syrie et la Turquie entre en concurrence avec le gazoduc Iran-Irak-Syrie déjà proposé, dont les coûts s’élèvent à 10 milliards de dollars. Le client final, c’est bien sûr l’Union européenne, qui cherche désespérément à échapper à l’offensive de Gazprom.

Qu’arrivera-t-il maintenant ? Erdogan va-t-il mettre fin à son obsession qu’Assad doit partir ? Il est trop tôt pour le dire. Le ministère des Affaires étrangères turc est en effervescence. Washington et Ankara sont sur le point de s’entendre à propos d’une zone d’exclusion aérienne le long de la frontière turco-syrienne même si, plus tôt cette semaine, la Maison-Blanche a insisté pour dire que l’idée avait été rejetée.

La maison des Saoud a l’air d’un chameau dans l’Arctique. Son jeu meurtrier en Syrie s’est toujours résumé à un changement de régime pour permettre la construction éventuelle d’un oléoduc de la Syrie à la Turquie parrainé par les Saoudiens. Voilà maintenant que les Saoudiens constatent que la Russie est sur le point de répondre à tous les besoins énergétiques de la Turquie, en occupant toujours une position privilégiée pour vendre encore plus de gaz à l’Union européenne dans un proche avenir. Qui plus est, Assad doit partir ne part pas.

Pour leur part, les néoconservateurs aux USA affûtent leurs pointes de lance empoisonnées avec enthousiasme. Dès le début de 2015, une loi sur une Ukraine libre pourrait être déposée à la Chambre des représentants. L’Ukraine y sera décrite comme un important allié des USA non membre de l’Otan, ce qui se traduira, en pratique, par une annexion virtuelle à l’Otan. Il faudra ensuite s’attendre à encore plus de provocation néoconservatrice turbopropulsée contre la Russie.

Un scénario possible serait qu’un vassal et chiot comme la Roumanie ou la Bulgarie, sous la pression de Washington, décide d’accorder aux navires de l’Otan le plein accès à la mer Noire. De toute façon, qui se soucierait qu’une telle décision violerait les accords existants au sujet de la mer Noire touchant à la fois la Russie et la Turquie ?

Entre aussi en compte un connu inconnu rumsfeldien dangereux, à savoir comment les pays fragiles des Balkans vont réagir à l’éventualité d’être subordonnés aux caprices d’Ankara. Bruxelles aura beau maintenir la Grèce, la Bulgarie et la Serbie dans une camisole de force, il n’en demeure pas moins que sur le plan énergétique, ces pays vont commencer à dépendre de la bonne volonté de la Turquie.

Pour le moment, contentons-nous de mesurer la magnitude de l’onde de choc géopolitique causée par le dernier coup du maître du judo, des échecs et du jeu de go Poutine. Préparez-vous aussi en vue du prochain épisode du pivot vers l’Eurasie amorcé par la Russie. Poutine se rend à Delhi la semaine prochaine. Attendez-vous à une autre bombe géopolitique.

Notes

[1] Guerre liquide : Bienvenue au Pipelineistan, Mondialisation.ca, 03-04-2009

[2] Tomgram : Pepe Escobar, Pipelineistan’s Ultimate Opera, TomDispatch.com, 01-10-2009

Pepe Escobar Пепе Эскобар

Original: Russia and Turkey pivot across Eurasia

Traduit par Daniel

Traductions disponibles : Italiano  Português 

Source: Tlaxcala, le 5 décembre 2014

vendredi, 27 novembre 2015

Geopolítica en el entorno del Mar Negro

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Geopolítica en el entorno del Mar Negro

samedi, 10 octobre 2015

Les rapports Turquie-Russie à la lumière de Daesh

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Les rapports Turquie-Russie à la lumière de Daesh
 
Ex: http://www.dedefensa.org

Le chroniqueur indien MK Bhadrakumar est un fin connaisseur de deux pays, où il a été ambassadeur de l’Inde : la Turquie et la Russie. Son avis sur les “tensions” entre ces deux pays, dans le cadre de l’intervention russe en Syrie est nécessairement intéressant, et il donne une image pondérée des “gesticulations” qui ont accompagné quelques incidents à la fin de la semaine dernière entre avions russes et avions turcs autour de la frontière syrienne. Les susdites gesticulation viennent en petite partie d’une tactique propre à Erdogan et n’engageant nullement sa stratégie, et en très grande partie de l’OTAN (dont fait partie la Turquie) qui tient un rôle confus et désorienté, et fort marginal, dans cette crise où elle n’a aucune stratégie ; l'OTAN a cru, avec cette incident russo-turc, retrouver une voix au chapitre et a surtout montré la faiblesse dériosoire de sa position. (L’OTAN est poussée dans cette voie, où elle dramatise sans grand effet ni risque un faux antagonisme turco-russe, par les USA qui sont grands adeptes de la confusion et de la désorientation pour eux-mêmes, et eux-mêmes relégués à un rôle mineur dans la crise.)

Dans un texte du 6 octobre sur son blog (Indian PunchLine), Bhadrakumar minimise la gravité que la communication a voulu donner à ces incidents. Il pense que les Turcs ont un rôle important à jouer dans la crise parce qu’ils en sont les protagonistes obligés ; ils auraient les moyens de transformer l’engagement russe en un bourbier type-Vietnam mais ils s’abstiendront au bout du compte à tenter de mettre les Russes, qui détiennent la “carte kurde”, en difficultés. Il pense que le but des Russes, avec ces incidents, est d’indiquer à la Turquie, comme ils le font avec Israël avec d’autres moyens, qu’il y a désormais de nouvelles règles en Syrie et que les interventions turques et israéliennes impunies en territoire syrien pour soutenir tel ou tel groupe font désormais partie du passé. Pour le reste, conclut Bhadrakumar, les rapports importants entre la Russie et la Turquie, symbolisés par les relations personnelles entre Erdogan et Poutine, ne seront pas affectés.

« The Turkish dictum had enabled Ankara up until now to ensure that the Syrian rebels could operate with impunity in a significant belt in northern Syria without fear of air attacks by Damascus. Russia is summarily terminating that privilege Ankara enjoyed. Russia is also simultaneously strengthening Syria’s air defence system and a point is reaching when the Turkish air force cannot any longer operate inside the Syrian airspace. In short, the weekend’s incidents have forced Ankara to contend with the new reality that its continued violations of Syria’s territorial integrity will come at a heavy price.

» By the way, Israel also is traveling in the same boat as Turkey – clandestinely supporting al-Qaeda affiliates operating in Syria, launching wanton air attacks on targets deep inside Syria, and systematically wearing down the Syrian state and its sovereignty. Israel too is livid that Russia will apply ‘red lines’ in Syria aimed at squashing Israeli interference in Syrian affairs. Israel is furious with Moscow – like Turkey – but has no option but to fall in line with the Russian ground rules. [...]

» In sum, an Afghanistan-type quagmire scenario is unlikely to develop in Syria for the Russians. During the Cold War, US brilliantly succeeded in pitting radical Islam against communism. Today, however, Russia enjoys diversified ties with the Muslim Middle East. The Russian diplomacy has been particularly active in Saudi Arabia and the UAE in the Gulf region as well as in Cairo and Amman. Egypt and Jordan have distinctly edged closer to Russia on the Syrian question.

» Conversely, Moscow’s close ties with the Syrian Kurdish leadership (which supports the PKK’s separatist movement inside Turkey) will act as a deterrent against Ankara setting up a bear trap in Syria. Suffice it to say, fueling insurgency is a game that both Turkey and Russia can play. [...] Simply put, if yet another Kurdistan takes shape in Syria (alongside the one already existing in northern Iraq), it would inevitably blur the sanctity and inviolability of Turkey’s established borders to the south and make them look somewhat like the Durand Line separating Pakistan from Afghanistan – a lawless no-man’s land that is condemned to remain a dagger forever aimed at Turkey’s heart.

» Erdogan’s priority will be to ensure that Turkey regains a place at the high table if a Syrian peace process picks up. Erdogan will try its best to forestall the emergence of yet another Kurdish entity in its neighborhood, which is a fast-emerging scenario already. Ankara’s main challenge lies in persuading Russia and the US to rein in the aspirations of the Syrian Kurds for regional autonomy in northern Syria as quid pro quo for their robust participation as Washington and Moscow’s foot soldiers in the war against the IS.

» At the end of the day, therefore, Erdogan will begin talking with the Kremlin. Actually, the conversation never really ended. His equation with the Russian leader at the personal level is something he can still count on. Vladimir Putin too has taken great pains to encourage Erdogan’s ‘Look East’ policies. Unlike the western powers, Russia has never been prescriptive about Turkey’s domestic politics. If Erdogan manages to win the November election and succeeds in switching Turkey to a presidential system, Putin will only congratulate him and possibly even draw satisfaction that he has a friend in Ankara who is likely to be a life-time executive president with whom he can do business to great mutual benefit. »

jeudi, 02 juillet 2015

Geopolítica en el entorno del Mar Negro

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Geopolítica en el entorno del Mar Negro

 

A simple vista, la región del Mar Negro parece ocupar un área relativamente pequeña y cerrada. Este mar interior que separa Europa oriental de Asia occidental, conecta con el Mar Egeo y el Mediterráneo a través del Mar de Mármara mediante los estrechos turcos, el Bósforo y posteriormente el de los Dardanelos, además de estar conectado también al pequeño Mar de Azov en forma de apéndice por el estrecho de Kerch. En el medio terrestre se encuentra limitado por los Montes Pónticos en el sur y el Cáucaso por el este, mientras que cuenta con una amplia plataforma hacia el noroeste. 

Actualmente seis países con reconocimiento internacional bordean este mar con sus costas: Turquía, Bulgaria, Rumanía, Ucrania, Rusia y Georgia. La cercana Moldavia y las repúblicas caucásicas de Armenia y Arzebaiyán están ampliamente reconocidas como actores participantes, además de Grecia, e incluso en múltiples ocasiones se tiene en cuenta a Albania por su conexión con la región. El citado estrecho del Bósforo es la única salida de tráfico marítimo al exterior de cuatro países: Bulgaria, Rumania, Ucrania y Georgia, mientras que Rusia y Turquía tienen puertos comerciales y salida al exterior por otros mares. 

Punto de encuentro entre pueblos y civilizaciones

Es la desembocadura de grandes ríos europeos como el Danubio, y sus aguas más profundas tienen bajos niveles de oxígeno y en consecuencia, no existe apenas vida de especies marinas a partir de los 200 metros de profundidad. Si a esta cuestión se le suma además el hecho de que la industria pesquera ha sido prácticamente devastada por la contaminación llegada por vía fluvial, aumenta la importancia de otros valores que tendrán su impacto en el juego geopolítico de la región. El primero se relaciona con la energía, ya que posee una importante fuente de recursos energéticos como petróleo y gas natural, pero más importante es el hecho de ser cauce y vía de salida de los recursos energéticos del Mar Caspio como corredor de tránsito hacia Europa y otros destinos del continente. El segundo será la existencia de diversos conflictos regionales, algunos congelados desde hace décadas y otros latentes en la actualidad, con  disputas territoriales y con estados no reconocidos.

Tradicionalmente, el Mar Negro ha sido un nexo de unión que ha servido de puente en las rutas de comercio y un lugar de tránsito de recursos energéticos, pero a su vez es una zona tapón y una frontera entre Europa y Asia donde convergen cristianismo e islam, o el pueblo eslavo y el pueblo turco. Históricamente también, la región ha servido de punto de confrontación de grandes civilizaciones como Grecia, Roma o Bizancio, y un objeto de deseo de los grandes imperios que han pugnado a lo largo de la historia por convertirlo en un mar interior de sus territorios: los persas, el imperio otomano o el zarista. Estos dos últimos se enfrentaron en mitad del siglo XIX en la guerra de Crimea, con la participación de otros imperios europeos como el inglés y el francés a favor de los turcos. En la historia reciente, salvo en el sur y los estrechos dominados por Turquía, la URSS ejercía una posición dominante sobre el Mar Negro, pese a existir cierta tensión entre bloques en una confrontación entre los países del Pacto de Varsovia y OTAN.

Rusia como jugador estratégico en la región

Sin embargo, el escenario geopolítico del Mar Negro y su equilibrio de fuerzas ha cambiado drásticamente después del colapso soviético en 1991, momento en el que Rusia perdió la influencia directa sobre los países del Pacto de Varsovia que se situaban en la región, Rumania y Bulgaria, que se integraron en la OTAN en 2004. Los estados que resultaron de la desmembración de la URSS y se encuadraban dentro de la Comunidad de Estados Independientes (CEI), Ucrania, Georgia y Moldavia, en mayor o menor medida han ido cambiando sus miras de longitud este a oeste, produciendo un distanciamiento paulatino de Rusia y estrechando lazos con la Europa occidental. Otra consecuencia de esta aparición de nuevos estados en el área del Mar Negro y el Cáucaso como resultado de la desintegración de la Unión Soviética, ha sido la aparición de disputas territoriales y étnicas que se manifiestan en conflictos congelados sin resolver en las regiones de Transnistria, Osetia del Sur y Abjasia, sin olvidar lo acontecido en las últimas décadas en Nagorno Karabaj y Chechenia. A esto hay que añadirle el conflicto actual entre Rusia y Ucrania, plenamente latente en Crimea y en las regiones de Donetsk y Lugansk como se verá posteriormente. Decía el periodista escocés Neal Ascherson en su magnífico itinerario literario por el Mar Negro que los pueblos que viven mezclados con otros durante cientos o miles de años  no siempre se quieren y que tal vez se hayan odiado siempre, y su impresión  de la vida en el Mar Negro es triste, afirmando que la desconfianza latente entre las culturas no muere nunca.

Conflictos Mar Negro

De esta forma, la anteriormente mencionada pérdida de influencia rusa, será un condicionante en la actualidad que se antoja clave para la situación de la región y del espacio postsoviético en general. Para Rusia, que ya desde la época del almirante Serguéi Gorkhkov agregó una marcada visión marítima a la política estatal,  siempre ha sido una obsesión histórica el salvaguardar la libre salida al Mar Mediterráneo desde sus instalaciones portuarias de aguas calientes del Mar Negro, hecho que le había sido impedido siempre por la posición de bloqueo de Turquía al dominar los estrechos.  Pese a ser su prioridad, la Federación Rusa no fue capaz por entonces debido a su debilidad económica y política de adoptar un rol dominante en la región del Mar Negro, como tampoco lo ha sido Turquía, que junto a Ucrania serían jugadores importantes y podrían considerarse potencias regionales. 

Sin embargo, esto no ha impedido que Rusia haya logrado mantener una fuerte influencia en la región, debido en gran parte al dominio ruso en el control y transporte de la producción de petróleo y gas, de la que dependen en mayor o menor medida bastantes países de la zona, además del mantenimiento de las fuerzas armadas rusas dentro de sus territorios. Las regiones suelen tener un núcleo de poder, generalmente de naturaleza estatal que juega un papel importante en los conflictos de la zona y que le permita asegurar su influencia y liderazgo en la región. Si en este punto y dentro de las consideraciones estratégicas de la geopolítica nos atenemos a ese par de figuras definidas por Zbigniew  Brzezinski denominadas como jugadores estratégicos y pivotes geopolíticos, respondiendo así a una clasificación de los estados en categorías en función de su poder e influencia o de su situación geográfica en el juego geopolítico mundial, tendríamos como buenos ejemplos de ellas en la región a Rusia y Ucrania, ahora de actualidad en los asuntos internacionales. Por una parte, los jugadores estratégicos activos son estados con el poder necesario para pugnar por una posición de dominio y liderazgo regional o global, mientras que los pivotes geopolíticos serían importantes debido a su geografía o sus recursos. La actuación de un jugador estratégico incide en la vulnerabilidad del pivote geopolítico, que a su vez puede actuar como escudo defensivo para un estado vital o una región. 

Extrapolando esta base teórica a la región del Mar Negro, nos encontramos con que Rusia sería de esta forma uno de los principales jugadores estratégicos del tablero mundial, que pese a haber sufrido la escisión de otros estados y disminuido en territorio, sigue ejerciendo gran influencia en el espacio euroasiático y mantiene unos objetivos geopolíticos ambiciosos que cada vez exhibe con mayor determinación. Esto permite mostrar firmeza al ejercer un papel preponderante en toda la serie de conflictos causados en la región por motivos étnicos y territoriales, y sin obviar los intereses e influencia de otras potencias u organizaciones que pese a no pertenecer a esta región geopolítica, tienen poder para influir en estos conflictos de acuerdo con sus intereses. Por el contrario, el ejemplo de un pivote geopolítico lo tendríamos en Ucrania, cuya situación de estado independiente contribuye a la transformación rusa. En la medida en que Rusia perdiera influencia en Ucrania se convertiría proporcionalmente en un estado más “asiático”, pero en el caso de volver a estar bajo su influencia se convertiría en un estado más poderoso, con más recursos y un optimo acceso al Mar Negro, lo que le haría obtener una posición dominante en Asia y Europa, momento en el que Polonia pasaría a ser el pivote geopolítico en el extremo oriental de su territorio.

El juego energético, dominio ruso e interdependencia mutua

Como ya se ha mencionado anteriormente, el control ruso sobre la mayoría de los recursos energéticos de la región crea una dependencia generalizada del petróleo y el gas de Rusia en los estados vecinos de la región, aunque la distribución geográfica en la región los convierte en piezas importantes para su transporte a los mercados exteriores y en el que dependen los unos de los otros al compartir el antiguo sistema heredado de la desaparecida Unión Soviética. 

Oleoductos y gasoductos Mar Negro

En este juego energético de la región podrían señalarse dos características principales, como ya indicara Silvia Marcu, que ayudarán a entender en adelante la conducta de los países de la región en su proceder internacional. El primero pasa por la búsqueda de cada estado de asegurarse una mayor independencia energética dentro de esta interdependencia regional, que se traduce en la búsqueda de rutas alternativas de transporte de petróleo que minimicen la subordinación hacia otros estados, y en la mayoría de los casos hacia Rusia, y donde entran en juego intereses externos de terceros, como Estados Unidos y la Unión Europea, que buscan minimizar con nuevos oleoductos esta dependencia que el estado ruso intenta mantener con sus propios proyectos, sin obviar los intereses económicos de compañías internacionales privadas que también juegan un importante papel. La segunda es consecuencia del absoluto dominio de Rusia en el mercado de gas natural, en el que la compañía Gazprom ejerce un evidente monopolio, lo que le permite la adopción de estrategias de interrupción de suministro de gas o el incremento de su precio como arma política ante sus estados vecinos, véase el caso de conflictos surgidos al respecto en la última década con Georgia, Ucrania e incluso Bielorrusia. Rusia por tanto intenta no perder el status privilegiado dentro de la región, pero sobre todo, lo intenta dentro de cada país que estuviera bajo su dominio en los últimos tiempos, especialmente en Ucrania, e intentando ser reconocida como potencia preponderante e influyente en Europa Oriental, pese a que sus intereses lleven a los países adyacentes a alejarse progresivamente de su zona de influencia. 

Sin embargo, esto no va a impedir que los estados de la cuenca del Mar Negro, a través de asociaciones estratégicas negociadas bilateralmente, hayan contribuido de manera eficaz a un acercamiento y cooperación entre ellos con el fin de proteger y promover sus intereses en el contexto regional y mundial. Podríamos considerar en este sentido desde la fallida Comunidad de Estados Independientes (CEI) donde se integraron en 1992 la mayoría de los estados del espacio postsoviético y no sólo de la región del Mar Negro, hasta la Organización para la Democracia y Desarrollo Económico (GUAM), creada en 1994 como alternativa a Rusia y a la CEI,  pasando por la Organización de la Comunidad Económica en el Mar Negro (OCEMN) creada en 1994, y el Foro del Mar Negro para el Dialogo y la Cooperación en 2005.

Una torre de control occidental en materia de seguridad del espacio euroasiático

Por otra parte y como se vislumbró anteriormente en este artículo, la influencia americana ha ganado bastante peso en la región, entre otros asuntos debido a que Washington también viene intentando incrementar su presencia y controlar los recursos energéticos del globo terrestre, y esto pasa entre otros asuntos por evitar el dominio de Rusia sobre los hidrocarburos del Caspio. Por otro lado la alianza euroatlántica cuenta ya con Turquía, Grecia, Bulgaria y Rumanía como miembros plenos de la OTAN, además de con Georgia, Moldavia y recientemente los escarceos de Ucrania en el proceso de negociación para su futura adhesión. No se puede pasar por alto la importancia que le otorga el hegemón norteamericano a toda la región de la cuenca del Mar Negro y el Cáucaso sur, área que va a desempeñar un papel clave en sus intereses estratégicos en Oriente Próximo y Oriente Medio, y concretamente en las operaciones militares que ha liderado Estados Unidos en Afganistán e Irak, sumándole además la oposición al régimen de Irán. En términos parecidos se ha pronunciado muy recientemente George Friedman indicando que el Mar Negro ha de ser un centro de gravedad para las operaciones estadounidenses en los dos teatros activos de la acción militar en estos momentos, Ucrania y el Estado Islámico en Siria e Irak, por ser el principio de organización geográfica de ambas zonas y actuando como pivote de una región amplia que ayude a enfocar el pensamiento estratégico.

En los últimos años, la seguridad en la zona del Mar Negro y en el Cáucaso se ha vuelto extremadamente compleja, caracterizada en parte por un proceso de reafirmación de la arquitectura de seguridad regional, intentándose integrar en la estructura Euro-Atlántica, pero sin obviar la existencia de un permanente tensión de potencial importancia, causado por el mantenimiento de los conflictos congelados de caracter intraestatal o interestatal en el seno de la CEI como estamos viviendo actualmente en el este de Ucrania, así como por el incremento de amenazas asimétricas, como el tráfico ilegal de personas y drogas, el fenómeno de la inmigración y el terrorismo. La proximidad de la zona del Mar Negro a Oriente Medio, los Balcanes, Asia, e incluso el Magreb y África representa un riesgo de conexión de las amenazas presentes en estas regiones, en el momento que puedan situar sus objetivos en Europa.  

La importancia que puede suponer la lucha contra el terrorismo y el crimen organizado, sumado a la competencia por controlar los recursos energéticos y sus medios de transporte, ha provocado que el Mar Negro se sitúe en el foco de atención para las principales organizaciones europeas y euro-atlánticas que ya están intentando lograr la consecución de un concepto de seguridad más amplio, y que pueda incorporar la integración, la democratización, el crecimiento económico regional y las políticas de redefinición y estrategias en relación con el Mar Negro. El valor estratégico del Mar Negro ha suscitado que la OTAN haya ido desarrollando asociaciones individuales con los Estados de la región, y se han establecido bases estadounidenses en Rumanía y Bulgaria para optimizar la gestión de situaciones de crisis más allá de su área de responsabilidad y contribuir a la proyección, la estabilidad y la seguridad en toda la región. 

En definitiva, y atendiendo a la importancia referida en este apartado en lo político, estratégico, económico, militar y demográfico, la región del Mar Negro representa la prolongación de la cuenca mediterránea hacia Asia Central y el Medio Oriente para los intereses euro-atlánticos, donde la región, en esta nueva configuración geopolítica que ha traído a colación una nueva competencia entre las potencias regionales y mundiales, puede llegar a ser una verdadera torre de control del espacio euroasiático logrando un papel de arbitraje efectivo en Oriente Medio que contribuya a mejorar la estabilidad y la seguridad en la región y que la reafirme como uno de los emplazamientos con mayor valor geoestratégico del planeta.

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José Manuel Segura

Córdoba, 1986. Máster en Relaciones Internacionales por la Universidad Internacional de Andalucía, Universidad Pablo de Olavide de Sevilla y Fundación Tres Culturas del Mediterráneo. Licenciado en Ciencias del Trabajo y Diplomado en Relaciones Laborales por la Universidad de Córdoba. Ha trabajado en la Embajada de la República Oriental del Uruguay en Praga, República Checa. Editor de la cuenta de Twitter @Infodiplomacia

mercredi, 29 avril 2015

Plans for the Ukrainization of Moldova

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Plans for the Ukrainization of Moldova

Ex: http://www.valdaiclub.com

The possible “unfreezing” of the Transnistrian conflict would mainly benefit the US and could create new problems for Russia, Rostislav Ishchenko says.


After talks with his Romanian counterpart, Ukrainian President Petro Poroshenko said they had agreed to “unfreeze” the conflict in Transnistria. But the statement was false. The Romanians did not confirm it. Needless to say, it was intended primarily for domestic Ukrainian consumption: Poroshenko wanted to show to his supporters that he not only wiped out the “Altai armored militia” but can also thumb his nose at Russia on the diplomatic front. Nevertheless, the incident was revealing.


First, the Ukrainian president’s understanding of Moldovan sovereignty is amusing. Note that according to Poroshenko, Ukraine and Romania can decide on their own to unfreeze an internal Moldovan conflict, frozen by Chisinau, which, incidentally, has pledged to solve the problem solely through negotiations. In other words, Ukraine seeks both to annul international agreements signed by Moldova and to resolve Chisinau’s internal political problems. And enlisting Romania’s support doesn’t change anything in this respect.


This is a disturbing sign. Of course, it could be ignored, chalked up to the stupidity and ineptitude of the Ukrainian leadership, but we have already seen the losses that this stupidity and ineptitude have led to in Ukraine.


Second, the Moldovan leadership, which sees the Kiev regime as being of the same “pro-Western blood,” too often tries to curry favor with Kiev with reckless moves – for example, by denying Russian journalists and politicians entry to Moldova based on blacklists drawn up by the Ukrainian Security Service or by trying to obstruct economic ties and transport links between Russia and Transnistria. In short, by provoking a conflict to please Kiev.
Moldova.pngThird, the attempt to resurrect the conflict in Transnistria fully fits into the US policy of creating problems for Russia wherever possible, forcing Moscow to spread its forces, attention and resources thin on the ground so that it ultimately becomes overstretched and is unable to pursue an independent foreign policy.


In other words, even though Romania is obviously unprepared to get involved in this conflict at this time, while Moldova has not even been consulted, a provocation against Transnistria, both in the form of a complete economic and transport blockade and in the form of direct military aggression, is quite possible. Furthermore, the Chisinau leadership has in recent weeks intensified its media and political attacks against Russia and Transnistria.


By the way, Kiev was the first to mass troops on the border with Transnistria back in April-June 2014. Were it not for the heroic resistance of Donbass, it’s plausible that Transnistria would have already come under attack.


Implications for Moldova


We won’t waste any time on analyzing the possible consequences of a new conflict zone for Russia. Certainly, a conflict is not good for Russia. And not only because it has no direct overland or sea links with Transnistria, but also because Moscow will once again be accused of aggression and an attempt to restore the Soviet Union by force. Instead, let’s consider the threats of an unfrozen conflict for Moldova.


First, over the years, Transnistria has created a stable administrative system and powerful armed forces that, in a confrontation with the Moldovan army, can not only defend themselves but also attack. Of course, their strategic situation is tough. Their rear is blocked by Ukrainian troops. Nevertheless, it borders the Odessa region, where opposition to the Kiev regime is strong. If a front were to emerge 20 or 30 km from Odessa, these resistance forces could disrupt the rear of the Kiev troops.


This is especially relevant now that Igor Kolomoisky has come into conflict with Poroshenko and withdrawn his punitive battalions from Odessa, which controlled the city in Kiev’s interests. For all intents and purposes, he is provoking an anti-Kiev uprising in Odessa so as to tie Poroshenko’s hands with the “Odessa people’s republic” and force him to abandon his attacks on the Dnepropetrovsk governor.


Second, the situation in Transnistria is a replay of the situation in Abkhazia and South Ossetia in August 2008. Russian peacekeepers are deployed there under international agreements, whose mandate is to prevent military contact between the sides. So an attack on Transnistria would be an attack on Russian peacekeepers. That is to say, it would be an act of aggression not only against Transnistria but also against Russia, with all the ensuing consequences.


The consequences are well known from the Georgian precedent. Not only did the Georgian army cease to exist as an organized force within days, Russia also recognized Abkhazia and South Ossetia as independent states, and Russian military bases were opened on their soil.


Third, Moldova is encumbered with the Gagauz problem, which intensified recently over Chisinau’s attempt to effectively rescind Gagauz autonomy. This attempt met with strong resistance, which all but led to a clash between law enforcement controlled by Chisinau and Komrat. It can be assumed that if the Transnistrian conflict is “unfrozen” the Gagauz people will be galvanized into action, as was the case in the early 1990s, during the first armed confrontation over Transnistria.


Fourth, the legitimacy of the Chisinau government is justifiably questioned, not least due to the unfairness and lack of transparency in the recent elections, in which the incumbent authorities were able to retain control of parliament only through the crude and no-holds-barred use of its administrative clout.


The opposition in Moldova is strong and pro-Russian, and commands the support of significant segments of the population. In other words, this conflict will automatically lead to serious internal destabilization in Moldova, putting it on the verge of civil war.


Finally, fifth, there is also the Romanian problem. Bucharest has never abandoned the idea of integrating Moldova into the Romanian state. Ever since the early 1990s, the Romanians have repeatedly indicated that they are prepared to give up Transnistria.


A conflict with Transnistria, provoking Russia’s participation in this conflict and internal destabilization in Moldova, would give the pro-Romanian forces in Chisinau cause to ask Bucharest for political, diplomatic and military assistance without which the Chisinau government simply could not survive. Nor would Kiev be able to provide meaningful assistance.

A Kiev-Washington project


So, the “unfreezing” of the Transnistrian conflict would imminently lead to the Ukrainization of Moldova. The story would follow the same script as in Ukraine after the February 2014 coup.


First, there would be civil war, which presents greater danger for Moldova as it is much smaller than Ukraine, meaning that Chisinau would be unable to stay above the fray for an entire year. This would be followed by the loss of sovereignty and the country’s division into a Romanian part and the Transnistrian republic, which, in the course of a brief conflict, could even expand its borders.


This outcome is good for the US, as it would create a new problem for Russia. In part, in the short term, it is also good for Kiev, as it would temporarily divert some of Russia’s resources to resolve this conflict. However, in the medium term, Kiev risks seeing not only the Transnistrian Moldovan republic in the south but also an allied Odessa people’s republic.


Such an outcome could suit Moldova’s pro-Romanian parties and politicians, since they will be able to leave for Romania with a chunk of territory and become Romanian politicians.


However, this outcome is beneficial neither for the Moldovan state nor for the overwhelming majority of the Moldovan people because it does them no good except to destroy the remains of the economy and quite possibly also hundreds or even thousands of lives in the course of a civil conflict, which will be almost immediately compounded by multilateral interference from the outside.


So there is hope that the Kiev-Washington project for the Ukrainization of Moldova by “unfreezing” the Transnistrian conflict will remain on the drawing boards.


Yet, there is the danger that the situation will spiral out of control, which should not be underestimated. Moldova’s reasonable forces should take preventive measures to ensure that Chisinau returns to a sensible policy.


Rostislav Ishchenko, President of the Center for System Analysis and Forecasting.
This article was originally published in Russian on www.ria.ru

vendredi, 27 mars 2015

Les Grecs de la Mer Noire

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Erich Körner-Lakatos :

Les Grecs de la Mer Noire

Quand les Pontiki, les Grecs de la Mer Noire, rêvaient d’un Etat à eux

Vers les heures du midi, le 29 mai 1453 la Rome orientale, soit l’Empire byzantin, bascule définitivement dans le passé. La nuit précédente, l’Empereur Constantin XI Paléologue et ses sujets, Grecs et Latins réunis, avaient prié en commun dans Sainte-Sophie. Ensuite, chacun s’en est allé à son poste. Juste avant les premières lueurs de l’aube, les Turcs lancèrent leur attaque contre Constantinople, dernier bastion de l’ancien Empire byzantin. Cette « Polis », jadis très étendue, a été réduite à une population de 36.000 habitants. Pendant quelques petites heures, les défenseurs soutiennent l’assaut des janissaires puis, par une poterne de la muraille, ceux-ci parviennent à s’engouffrer dans la ville et à atteindre son centre. Les chrétiens succombent à la puissance musulmane. Les Ottomans sont sous le commandement de Mehmet II, qui vient de prendre le titre de « Mehmet le Grand », parce qu’il s’est rendu maître de la capitale byzantine.

La métropole est tombée mais quelques restes épars de l’ancien Empire byzantin continuent à se défendre bec et ongles contre les fidèles de Mohammed. D’une part nous avons la Morée byzantine dans le Péloponnèse qui résistera pendant six ans sous le commandement de Demetrios, un frère du dernier empereur. D’autre part, deux Etats du Pont Euxin (la Mer Noire), peuplé de Grecs dits « pontiques » (Pontiki), résistent aussi : Trébizonde et Theodoros.  A l’est du littoral méridional de la Mer Noire se trouve l’Empire de Trébizonde, qui existe depuis 1204, l’année où les chevaliers catholiques de la Quatrième Croisade ont pris Constantinople et l’ont pillée. L’Empire grec-byzantin survit alors en exil à Nicée et autour de cette vieille Cité grecque d’Asie Mineure. L’Empire de Trébizonde, lui, va tenir jusqu’en 1461. Le dernier empereur de Trébizonde, David Comnène (Komnenos) sera exécuté le 1 novembre 1463.

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La principauté de Theodoros se trouvait en Crimée, dans l’arrière-pays d’un littoral alors dominé par les Génois qui tenaient le port de Caffa (Theodosia pour les Grecs, Feodossia pour les Russes aujourd’hui). Cette principauté s’était constituée au 13ème siècle comme partie de la région byzantine de Cherson en Crimée, qui ne sera jamais une colonie génoise. Elle fut toujours étroitement liée à l’Empire de Trébizonde. Les habitants de Theodoros étaient un mélange de Grecs, de Goths de Crimée (qui parlaient toujours leur langue germanique), d’Alains et de Karaïmes (variante très particulière du judaïsme). Tous cependant se servaient du grec comme langue véhiculaire et avaient adopté la religion grecque-orthodoxe.

En mai 1475, les Ottomans prennent la ville de Caffa et chassent définitivement les Génois de la Crimée. Le tour de la principauté de Theodoros est venu : le Grand Vizir ottoman, commandant de l’armée, Ahmed Pacha, entame le siège de la capitale Mangup qui durera six mois. Les défenseurs ne capitulent qu’en décembre 1475. Ce morceau byzantin de la Crimée sera le dernier territoire indépendant qui relevait de l’Empire. Alexandre, le dernier Prince de Theodoros, appartenait à la dynastie grecque-arménienne des Gabras. Son sort sera pitoyable : il sera réduit en esclavage et mourra prisonnier à Constantinople.

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Revenons au 20ème siècle. Pendant la première guerre mondiale, les Français font distribuer en secret dans toute l’Anatolie des cartes d’une future République Pontique ou République du Pont. Les Grecs pontiques, habitants du littoral méridional de la Mer Noire se soulèvent en mai 1919. Au même moment, les puissances de l’Entente donnent le feu vert au premier ministre grec Eleftherios Venizelos pour qu’il envahisse l’Anatolie : il ne se passe pas un mois pour que les troupes grecques débarquent à Smyrne. D’autres puissances européennes débarquent également des troupes en Asie Mineure : les Italiens à Adalia (aujourd’hui Antalya) et les Français plus à l’est, en Cilicie. Tous veulent un morceau aussi gros que possible du gâteau anatolien.

Les Grecs pontiques descendent de la population de l’Empire de Trébizonde. Les insurgés de mai 1919 réclament la création d’un Etat grec pontique. Leur métropole, la ville portuaire de Trébizonde n’est pourtant pas habitée que par des Grecs pontiques ; il y a aussi des Arméniens et ceux-ci réclament la ville pour que la future Grande Arménie, dont ils rêvent, puisse disposer d’une fenêtre sur la Mer Noire. Venizelos déclare devant le Parlement d’Athènes qu’il ne voit aucun inconvénient à ce que la future Arménie prenne Trébizonde. Ilkomonos, Président de la Ligue nationale du Pont, déçu, critiquera sévèrement la Grèce pour cet abandon. L’Etat des Grecs du Pont ne sera qu’un rêve et une ébauche : il n’existera jamais, d’abord parce que Trébizonde et toute la région du Pont ont été attribués à la République d’Arménie lors du Traité de Sèvres en 1920. Ce sera un autre plan non réalisé : à la fin de l’année 1920, les troupes nationalistes turques battent et repoussent les Arméniens. Le rêve des Grecs du littoral méridional de la Mer Noire s’évanouit définitivement. Pire : le Traité de Lausanne de 1923, dont les clauses sont plus favorables aux Turcs que celles du Traité de Sèvres, prévoit un échange de population entre la Grèce et la Turquie. Après avoir vécu pendant plus de 3000 ans dans la région, les Grecs orthodoxes du Pont sont contraints de quitter leur pays. 300.000 d’entre eux sont évacués de force vers la Grèce, où la population autochtone ne les accueille pas de manière amicale parce qu’ils parlent un dialecte jugé bizarre et qu’on les prend pour des « demi-Turcs ».

Aujourd’hui encore, existent de par le monde des associations de Grecs pontiques qui se donnent pour but de cultiver leur héritage culturel.

Erich Körner-Lakatos.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°10/2015, http://www.zurzeit.at ).

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La « Megali Idea »

« Megali idea », la « Grande Idée », pour les Grecs, est l’union de toutes les régions peuplées de Grecs ethniques, la création d’une très grande Grèce. Cette idée s’est développée à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème : à cette époque, le Royaume de Grèce, qui, au départ, en 1832, ne comprenait qu’une infime partie des terres habitées par des Hellènes, s’était agrandi. En 1864, les Iles ioniennes autour de Corfou se joignent au royaume. En 1881, c’est au tour de la Thessalie. En 1913, les Grecs héritent de la Crète et de la Macédoine. Lors des traités de la région parisienne de 1919, le premier ministre grec Venizelos réclame l’annexion de toute la Thrace, y compris Constantinople, qui ne serait plus la capitale ottomane d’Istanbul. Constantinople serait reconquise, rêve de tous les patriotes grecs. Venizelos demande aussi le retour à la mère –patrie de toutes les îles de l’Egée, la région de Smyrne sur la côte occidentale de l’Anatolie jusqu’à l’actuelle Antalya, une bande territoriale de 400 km de long et de 50 km de profondeur sur la côte méridionale de la Mer Noire (le territoire peuplé de Grecs pontiques) et, enfin, Chypre.

Le Traité de Sèvres ne satisfait pas les Grecs. Ils reçoivent certes toute la Thrace, sauf Istanbul. Egalement les îles de l’Egée, à l’exception de l’archipel du Dodécanèse, autour de Rhodes, donné à l’Italie, et la région de Smyrne. Le littoral méridional de la Mer Noire reste turc. Les Anglais ne cèdent évidemment pas Chypre, car l’île est un élément stratégiquement trop important sur la route des Indes. Après l’échec de leur campagne d’Anatolie et le Traité de Paix de Lausanne, les Grecs perdent la Thrace orientale et la région de Smyrne. La « Megali idea » appartenait au passé.

EKL.

vendredi, 13 mars 2015

L'Empire du Chaos s'installe en Europe: l' État islamique en Ukraine

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L'Empire du Chaos s'installe en Europe: l' État islamique en Ukraine

Auteur : Justin Raimondo
Traduction Claude Saker Francophone
Ex: http://zejournal.mobi

Kiev et les djihadistes: une sombre alliance

Alors que nous combattons l’État islamique, l’EI, alias ISIS, en Irak et en Syrie, et que les responsables américains soulignent le prétendu danger d’une attaque sur le territoire américain, Washington et le Califat se battent du même côté en Ukraine. Dans une remarquable série d’articles dans l’Intercept, Marcin Mamon s’est penché sur un aspect du conflit en Ukraine auquel personne d’autre n’a fait attention: le rôle joué par le Bataillon Doudaïev, «une force de combat des islamistes radicaux composée de Tchétchènes, mais incluant également des combattants de tout le Caucase ainsi que quelques Ukrainiens».

Les clés des organisations clandestines islamistes en Ukraine ont été remises à Mamon par un contact à Istanbul,Khalid, qui commande la branche ISIS locale. «Nos frères sont là», a-t-il dit à Mamon, et le journaliste s’est rendu en Ukraine où il a été mis en rapport avec un contact nommé Ruslan, qui l’a conduit au camp clandestin de Munayev.

Portant le nom du premier président de la Tchétchénie séparatiste, Djokhar Doudaïev, le bataillon Doudaïev était commandé par Isa Munayev, récemment tué dans l’est de l’Ukraine. Imprégnés d’une haine fanatique des Russes, qui soutiennent les rebelles de l’Est, les hommes de Munayev estiment également qu’ils paient une dette, puisque les bataillons du Secteur Droit ultra-nationaliste qui aujourd’hui luttent pour Kiev ont apparemment aidé les Tchétchènes dans le passé. Le Secteur Droit est un groupe paramilitaire ouvertement néo-fasciste qui a fourni une grande partie des forces qui ont rendu possible le coup d’État contre Viktor Ianoukovitch, l’ancien président ukrainien. Organisés en différents bataillons, dont la célèbre Brigade Azov, ils idolâtrent les collaborateurs nazis de la Seconde Guerre mondiale, qui ont combattu les troupes soviétiques: les ultra-nationalistes ont été accusés d’avoir commis desatrocités dans le Donbass, ainsi que de terroriser leurs adversaires politiques sur le front intérieur. D’après Mamon, ils ont également été impliqués dans la lutte contre les Russes dans la lointaine Tchétchénie, où l’ancien gros bonnet du Secteur Droit Oleksandr Muzychko a combattu aux côtés de Munayev et des frères contre les Russes.

Comme Ruslan l’a dit à Mamon:

« Je suis ici aujourd’hui parce que mon frère, Isa, nous a appelés et a dit: ‹Il est temps de rembourser votre dette. Il fut un temps où les frères de l’Ukraine sont venus [en Tchétchénie] et se sont battus contre l’ennemi commun, l’agresseur, l’occupant.›. »

A côté de cette solennelle éthique du guerrier, une autre raison probable du soutien de l’EI à Kiev est l’accès à des cibles occidentales, données ainsi aux terroristes. Comme Mamon l’indique:

«L’Ukraine est en train de devenir une étape importante pour les frères comme Ruslan. En Ukraine, vous pouvez acheter un passeport et une nouvelle identité. Pour 15 000 dollars, un combattant reçoit un nouveau nom et un document juridique attestant de sa citoyenneté ukrainienne. L’Ukraine ne fait pas partie de l’Union européenne, mais c’est une voie facile pour l’immigration vers l’Ouest. Les Ukrainiens ont peu de difficultés à obtenir des visas pour la Pologne voisine, où ils peuvent travailler sur les chantiers et dans les restaurants, comblant le vide laissé par les millions de Polonais qui sont partis à la recherche de travail au Royaume-Uni et en Allemagne. »

On nous dit que l’EI prévoit des attaques terroristes en Europe, et que les forces de sécurité sont occupées à recenser tous les suspects du continent; pourtant voici ce trou béant dans les défenses de l’Ouest, par où les frères s’infiltrent tranquillement, sans que les médias occidentaux en rendent compte. En coopération avec des groupes ultra-nationalistes comme le Secteur Droit, qui ont également créé leurs bataillons semi-autonomes, les islamistes d’Ukraine, brandissant des passeports ukrainiens, ont ouvert une passerelle vers l’Ouest.

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Les demandes faites à Washington de commencer à fournir des armes létales au régime ukrainien font maintenant partie du débat de politique étrangère à Washington, avec les habituels suspects exhortant l’administration à ouvrir le robinet d’armement. Pourtant, les Ukrainiens disent qu’ils obtiennent déjà une aide létale de pays qu’ils refusent d’identifier, selon le membre officiel du Conseil de sécurité nationale ukrainienne Oleg Gladovsky:

«[L’aide provient] d’endroits où nous n’avons aucune influence et où il n’y a pas de tollé public à ce sujet (que nous avons nous-mêmes contribué à créer dans certains endroits, malheureusement). C’est de ces pays que nous sommes en train de recevoir de l’aide létale.»

Alors d’où vient cette aide?

«Dans l’est de l’Ukraine, écrit Mamon, le drapeau vert du djihad flotte sur certaines bases des bataillons privés.» Mais comment ces groupes de combat sont-ils privés?

L’armée ukrainienne en loques, composée de conscrits peu motivés et mal armés, ne fait pas le poids contre les séparatistes, qui se battent sur leur propre territoire contre un envahisseur. Le régime de Kiev dépend de ces arméesprivées pour fournir une colonne vertébrale à sa force de combat, et il semble y avoir une relation symbiotique difficile entre l’armée ukrainienne régulière et ces volontaires, avec une approche non interventionniste adoptée par Kiev pour ces derniers . Si le régime ukrainien reconnait ouvertement aujourd’hui obtenir de l’aide de pays non nommés, il est normal de se poser la question: le Bataillon Doudaïev obtient-il une aide directe à partir des mêmes sources que celles qui équipent en armes les rebelles islamistes radicaux de Syrie – le Qatar, le Koweït, les Émirats arabes unis et les Saoudiens?

Comme les rebelles modérés syriens financés et soutenus par les Etats-Unis rejoignent l’EI en masse, le réseau djihadiste international étend ses tentacules en Ukraine pour reprendre le combat au nom de leurs frères.

L’un des principaux liens entre les factions ultra-nationalistes ukrainiennes et les islamistes était Oleksandr Muzychko, qui a combattu aux côtés du chef terroriste tchétchène Chamil Bassaïev – le cerveau derrière le massacre de l’école de Beslan – dans les guerres de Tchétchénie. L’année dernière, Muzychko a été tué dans une fusillade avec les policiers ukrainiens. Mais avant de disparaître, il était le visage public très évident du mouvement ultra-nationaliste d’Ukraine.

Dans une vidéo devenue virale, Muzychko et un groupe de ses compagnons du commando Secteur Droit sont entrés dans le bureau du procureur de la ville de Rivne, dans le nord-ouest de l’Ukraine, et ont giflé le procureur coupable de ne pas faire son travail à la satisfaction de Muzychko. Il a également fait irruption dans une réunion du conseil de la ville de Rivne, brandissant un fusil, et déclarant que le Secteur Droit ne désarmerait jamais. Alors que les autorités ont sans aucun doute trouvé les singeries de Muzychko ennuyeuses, ce genre de chose est normal dans la nouvelle Ukraine. Et il est probable que c’est son implication clandestine avec l’EI, bien plus que ses pitreries publiques, qui a provoqué la colère des autorités: elles lui ont tendu une embuscade et l’ont abattu le 24 mars de l’année dernière. Son implication avec la cellule EI en Ukraine est-elle devenue de plus en plus évidente, même pour ceux en Occident qui s’étaient contentés de regarder de l’autre côté?

Que les autorités de Kiev travaillent avec un avant-poste de l’EI est implicite dans toute l’article de Mamon: quand ce dernier s’est rendu au campement de Munayev en compagnie de Ruslan, ils n’ont eu aucune difficulté aux points de contrôle de l’armée ukrainienne, où la possibilité de percevoir des pots de vin ne faisait aucun doute, et ils sont passés à travers. Tout au long de l’article de Mamon nous entendons Munayev se plaindre de la pauvreté: le Bataillon Doudaïev, nous dit-on, doit dépendre d’activités criminelles pour financer le djihad. Pourtant, un oligarque mineur, nommé Dima leur remet 20 000 dollars, et il est question de vendre au marché noir de l’ambre à des «acheteurs du golfe Persique, y compris de riches cheikhs» – peut-être les mêmes riches donateurs qui ont si généreusement financé l’EI.

Les liens entre le régime de Kiev et l’enclave de l’EI en Ukraine sont nombreux, et seulement à demi cachés. Lorsque Mamon est arrivé au camp de Munayev, il a été accueilli par une voiture blindée qui, nous dit-on, a été donnée par Ihor Kolomoisky, l’un des hommes les plus riches d’Ukraine, récemment nommé gouverneur de Dniepropetrovsk. Kolomoisky, malgré son héritage juif, n’a aucun scrupule à s’allier à des groupes ouvertement antisémites comme le Secteur Droit, dont il a financé les bataillons: comme les djihadistes affiliés à l’EI, auxquels il a offert une voiture blindée, il ne pense qu’à la lutte contre Vladimir Poutine, qu’il méprise.

Une autre indication de l’alliance EI-Kiev est l’évasion d’Adam Osmaev, commandant-adjoint du Bataillon Doudaïev, d’une prison ukrainienne où il purgeait une peine pour avoir fomenté l’assassinat de Poutine. Après le coup d’état à Kiev, Munayev et ses compagnons ont fait sortir Osmaev de prison: quand ils ont été confrontés à la police ukrainienne à un barrage, ils ont été mystérieusement autorisés à passer. Comme le rapporte Mamon:

«Après une impasse dramatique, les Ukrainiens ont permis aux Tchétchènes de filer. (Il n’y a pas moyen de confirmer le récit de Ruslan, mais à l’automne 2014, le tribunal d’Odessa a soudainement déclaré qu’Osmaev avait suffisamment purgé sa peine et il a été libéré.) Osmaev et Munayev sont revenus à Kiev, et le bataillon Doudaïev a été créé.»

«De temps en temps, écrit Mamon, Munayev rencontre des représentants du Service de sécurité ukrainien, connu sous le nom de SBU.»

Le Bataillon Doudaïev compte environ 500 combattants, mais il y a aussi d’autres brigades djihadistes en Ukraine, organisées dans le Bataillon Sheikh Mansour, qui s’est détaché du Bataillon Doudaïev et «est basé à proximité de Marioupol, dans le sud-est de l’Ukraine», ainsi que deux autres groupes composés des Tatars de Crimée, comptant chacun environ 500 djihadistes.

Comme l’aide des États-Unis coule à flot en Ukraine, dans quelle mesure va-t-elle retomber sur ces alliés de l’EI – et quelle sera son utilisation future? Si John McCain et Lindsey Graham arrivent à leurs fins, les armes américaines vont bientôt se trouver dans les mains de ces terroristes, dont il est sûr que le djihad contre les Russes se tournera vers l’Ouest et frappera les capitales de l’Europe.

C’est un retour de flamme avec une vengeance: nous créons nos propres ennemis, et leur donnons les armes pour nous faire du mal, alors même que nous affirmons notre besoin d’une surveillance universelle pour les combattre. Les savants fous formulant la politique étrangère américaine sont en train de créer une armée de monstres de Frankenstein – qui ne manqueront pas d’attaquer leurs créateurs bercés d’illusions.


- Source : Justin Raimondo-Traduction Claude Saker Francophone

jeudi, 12 février 2015

Emir Kusturica : « L’Ukraine, un remake de la Yougoslavie »

bih1.jpgEmir Kusturica : « L’Ukraine, un remake de la Yougoslavie »

 
Le Cinéaste, musicien, écrivain, acteur serbe, Emir Kusturica

Rencontrer le cinéaste franco-serbe, c’est l’assurance d’un entretien nourri par l’actualité, les questions de géopolitique internationale et les méfaits de la mondialisation capitaliste. Emir Kusturica, auteur d’un recueil de nouvelles paru le 7 janvier, « Étranger dans le mariage », n’est jamais avare de lumineuses digressions.

D’ordinaire, Emir Kusturica exploite sa fibre artistique dans la musique et le cinéma : le guitariste du No Smoking Orchestra est aussi le lauréat de deux palmes d’or pour « Papa est en voyage d’affaires » et « Underground ». Le cinéaste franco- serbe s’était déjà essayé à la littérature dans une autobiographie, « Où suis-je dans cette histoire ? ». Il tente aujourd’hui une incursion dans la fiction avec « Étranger dans le mariage », un recueil de six nouvelles autour de la famille, de la guerre et de l’absurdité du quotidien dans la Yougoslavie des années 1970. Certes, les récits apparaissent très inégaux et la truculence de Kusturica, pourtant très cinématographique, peine à provoquer les mêmes émotions qu’à l’écran. Reste que s’il ne réussit pas tout à fait son passage à l’écrit, il demeure une voix singulière incontournable face au formatage des choses de l’esprit.

HD. Pourquoi avez-vous choisi de vous exprimer par le biais de la littérature ?

EMIR KUSTURICA. J’ai compris que je pouvais être créatif en réalisant mon film « Guernica » pendant mes études à l’école de cinéma de Prague. Depuis, ma créativité n’a jamais cessé. J’ai eu la chance de me trouver. Je peux mettre en place ma vie en rapport avec mes différents projets. Depuis mes premiers films, j’ai une bonne relation avec le public. C’est probablement parce que je ne cherchais pas à communiquer mais à faire mes films. J’explore au plus profond mon histoire familiale. J’essaie d’aller vers l’obscurité. Mais cela tient d’abord à un désir. L’art est certes l’aboutissement d’une communication mais l’artiste ne communique pas avec le public mais avec son propre besoin de créer.

HD. Pour quelles raisons vos histoires sont-elles si personnelles ?

E. K. Je suis très lié au langage cinématographique du début des années 1970. Ce sont des années dorées pour le cinéma et l’art en général. Les États-Unis, qui façonnent le monde militairement et artistiquement, étaient dans les années 1970 beaucoup plus libres qu’aujourd’hui. Après le Vietnam, il y a eu beaucoup de films sur la guerre perdue des Américains. Depuis, l’expression libre est devenue une expression contrôlée. Aujourd’hui, la NSA (Agence nationale de sécurité – NDLR) écoute tous les citoyens américains. C’est effrayant. Dans les années 1970, l’Amérique parlait du fascisme, du nazisme. Souvenez-vous de « Cabaret », le film de Bob Fosse, de « Macadam Cowboy », de « Cinq pièces faciles ». Il y avait presque une philosophie existentialiste, parlant librement de la vie, de la défaite au Vietnam, écrivant des livres. Et puis patatras, au cinéma, George Lucas a commencé à recréer l’univers, Spielberg a fait ses « ET ». La conception de Ronald Reagan de divertir l’esprit, en particulier des Américains pour les éloigner d’une position critique, et de transformer les films en pur divertissement l’a emporté. Les gens qui ont continué à faire ce qu’ils voulaient ont été marginalisés, leurs films peu ou mal diffusés. Aujourd’hui, nous en subissons toujours les conséquences. En Europe, le cinéma est davantage tourné vers le cinéma d’auteur. Mais la pression économique rend les auteurs de plus en plus politiquement corrects.

« L’UKRAINE MARQUE UN TOURNANT. LA RUSSIE N’ACCEPTE PLUS SON ENCERCLEMENT AVEC L’ÉLARGISSEMENT CONTINU DE L’OTAN. »

HD. Que vous inspirent les événements en Ukraine ?

E. K. La guerre humanitaire est en fait une légalisation de la guerre. Wall Street dépend de la guerre. La valeur psychologique d’une action dépend de la manière dont vous êtes agressif dans certaines parties du monde. Plusieurs guerres, de tailles réduites, se déroulent un peu partout à travers la planète. Désormais, l’option des conflits de basse intensité apparaît épuisée. Et l’Ukraine marque un tournant. La Russie n’accepte plus son encerclement avec l’élargissement continu de l’OTAN. L’idéologue américain Zbigniew Brzezinski a largement écrit sur « l’enjeu eurasien », capital à ses yeux, à savoir la maîtrise et la colonisation de la Russie et de l’espace ex-soviétique. L’Ukraine est donc une première étape vers ce démantèlement imaginé par Brzezinski.

HD. Ne vous rappelle-t-il pas ce qui s’est produit en ex-Yougoslavie ?

E. K. À Kiev, l’histoire des snipers qui ont ouvert le feu sur la place Maïdan ressemble de manière troublante aux événements de Sarajevo en 1992. Durant le siège de la ville, des tireurs isolés ont terrorisé les habitants et personne à Sarajevo ne savait d’où venaient ces snipers. Exactement comme à Kiev. On ne sait toujours pas qui a ouvert le feu sur les manifestants et les forces de l’ordre. Aujourd’hui, une autre vérité que celle imposée par les médias apparaît. C’est ce que tentait de décrire mon film « Underground » : une autre réalité. Il a été réalisé en 1995. La vérité sur ces deux événements, les dirigeants la connaissent. Ils en sont même parties prenantes et essaient de nous abuser en feignant d’être des imbéciles. Les grandes puissances jouent sur un échiquier où l’Ukraine et l’ex-Yougoslavie apparaissent comme des pions. Il s’agit d’une répétition d’un scénario qui s’est produit en Yougoslavie et a mené à son éclatement pour des enjeux similaires : l’extension de l’OTAN et de l’UE. La construction de l’UE est responsable des deux drames. Afin de s’agrandir et accroître son influence, elle divise les États pour imposer sa loi à de petits territoires. Pour moi, ce qui est inacceptable, c’est que les gens s’en accommodent. Heureusement, il y a des instants d’espoir.

« LES ÉTATS-UNIS ET LE CAMP ATLANTISTE IMPOSENT LEUR VÉRITÉ ET SE COMPORTENT EN VAINQUEURS DE LA GUERRE FROIDE. »

L’arrivée au pouvoir des communistes en Grèce en fait partie. Leur victoire est historique et peut, comme en Amérique latine, porter un véritable élan. Ce phénomène se répétera dans les années qui viennent. La montée de l’extrême droite et des partis fascistes, voire nazis comme en Ukraine où ils sont au pouvoir, créera en face une résistance. Le clash est inévitable.

HD. L’hystérie de la presse à l’égard de la Russie et de Poutine vous rappelle le traitement médiatique à l’égard des Serbes durant la guerre de Yougoslavie ?

milo60360.jpgE. K. Cela a été le point de départ. En 1992, les divers acteurs ont mis en avant certains aspects pour créer une atmosphère favorisant un conflit. Ils ont ensuite légalisé une intervention au nom de l’aide humanitaire. Toute possibilité de paix a été écartée et la Yougoslavie a été démembrée à leur guise, laissant Slobodan Milosevic pour seul responsable. Le Kosovo est un bel exemple de leur mensonge et de leur justice aléatoire. Ils ont soutenu la séparation de cette région au nom du droit des peuples mais la refusent à la Crimée ! Les États-Unis et le camp atlantiste imposent leur vérité car ils se comportent en vainqueurs de la guerre froide. Ils estiment avoir triomphé du marxisme et tué le communisme.

Tous les événements qui ont suivi la chute du mur de Berlin révèlent les fausses promesses faites à Mikhaïl Gorbatchev sur la non-extension de l’OTAN. Cela résume leur conception de la diplomatie pour assurer leur suprématie. L’extension de l’orbite euro-atlantique est impérative. Le siècle qui vient pour les États-Unis sera un tournant. L’accroissement de leur richesse et de leur influence dépend de leur domination du modèle libéral. Ce modèle qu’ils ont imposé au reste de la planète à travers la mondialisation est fondé sur la compétition, l’exploitation et les inégalités. Cette compétition, les États-Unis ne pourront plus la remporter indéfiniment avec la montée de puissances émergentes. Devant cette phase de déclin, ils trichent. Mais ils n’avaient pas prévu que l’Eurasie se dresserait contre la domination de l’euro-atlantisme. La proximité géographique compte et la Russie et la Chine finiront par coopérer.

HD. Vous critiquez beaucoup le capitalisme, pourquoi alors avoir participé à une fête à Davos ?

E. K. J’étais à Davos pour une banque russe. J’avais besoin d’argent pour payer les musiciens de mon festival de Kunstendorf. On m’a donné beaucoup d’argent, avec lequel j’ai pu financer ce festival.

Entretien réalisé par VADIM KAMENKA et MICHAËL MÉLINARD

L’Humanité Dimanche, 5 FÉVRIER, 2015

KUSTURICA EN CINQ FILMS
1985. « Papa est en voyage D’affaires ». Pour son deuxième long métrage, le réalisateur, alors yougoslave, décroche sa première palme d’or, à seulement 31 ans.
1989. « Le temps des gitans ». il reçoit le prix de la mise en scène à Cannes.
1993. « Arizona Dream ». Pour sa première expérience américaine, Emir Kusturica s’offre un casting de rêve (Johnny Depp, Jerry Lewis, faye Dunaway) et fait voler des poissons sur une chanson d’iggy Pop. il est récompensé par un ours d’argent à Berlin.
1995. « UnDergroUnD ». il obtient sa deuxième palme d’or avec cette fresque historico-familiale de la Yougoslavie sur 50 ans, des années
1940 jusqu’à son éclatement dans les années 1990. Le film déclenche une polémique autour du caractère supposé pro-serbe de l’oeuvre.
1998. « CHat noir, CHat BLanC ». après avoir un temps songé à arrêter de tourner, Kusturica revient à la réalisation avec un film apaisé et décroche le lion d’argent du meilleur réalisateur à Venise.
A Lire :
« ÉTRANGER DANS LE MARIAGE », D’EMIR KUSTURICA, TRADUIT DU SERBO-CROATE PAR ALAIN CAPPON. ÉDITIONS JC LATTÈS, 270 PAGES, 20 EUROS.
 

mardi, 23 décembre 2014

Pourquoi la Russie a-t-elle décidé de mettre un terme au projet South Stream?

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Pourquoi la Russie a-t-elle décidé de mettre un terme au projet South Stream?

« Le projet South Stream était voué à l’échec dès le départ »

Propos recueillis par Thomas Gras

Ex: http://www.lecourrierderussie.com

Entretien avec Said Gafourov, économiste spécialiste de l’Orient et conseiller auprès du gouvernement russe.


Le 1er décembre, le président russe Vladimir Poutine a déclaré, lors d’une visite d’État en Turquie, que Moscou stoppait la réalisation du projet de gazoduc South Stream. La raison invoquée est la « position non constructive » de l’Union européenne. Vladimir Poutine a également annoncé que, pour répondre aux besoins de l’économie turque, la Russie était prête à construire un nouveau pipeline vers la Turquie et à le prolonger, si nécessaire, jusqu’en Grèce. Qu’est-ce qui se cache derrière la fermeture de South Stream ? Le Courrier de Russie a posé la question à Said Gafourov, économiste spécialiste de l’Orient et conseiller auprès du gouvernement russe.

Le Courrier de Russie : Comment avez-vous réagi à l’annonce de l’abandon de la construction du gazoduc South Stream ?

Said Gafourov : J’ai été surpris par cette décision, même s’il fallait s’y attendre. Le projet South Stream, selon moi, était voué à l’échec dès le départ, car beaucoup trop cher [le coût du projet était estimé à quelque 25 milliards d’euros, ndlr]. La construction d’un gazoduc sous l’eau est une entreprise très onéreuse, et dangereuse. С’est une opération requérant d’importantes garanties sur le long terme et un partage des risques entre les parties. L’acheteur endosse la responsabilité de la demande, au cas où elle diminuerait, alors que le vendeur, ici Gazprom, est responsable du maintien des prix, s’ils venaient à monter.

LCDR : L’Europe est-elle d’accord pour partager ces risques ?

S.G. : En Europe, si les acheteurs sont des compagnies privées, les conditions sont fixées par Bruxelles. Et elles sont loin d’être équitables pour les fournisseurs, qu’il s’agisse de la Russie ou d’un autre pays. La position de l’UE consiste à dire : Vous amenez le gaz chez nous à vos frais, et nous le prenons au prix que nous voulons et sans garantie sur le long terme. Bien évidemment, cette situation ne peut pas satisfaire la Russie qui, dans le projet South Stream, se heurte en outre à un autre obstacle majeur : le troisième paquet énergie européen, interdisant aux producteurs de gaz de posséder des pipelines en Union européenne. Ce paquet contraint Gazprom à permettre à n’importe quel autre fournisseur d’utiliser son gazoduc pour livrer du gaz en Europe. Résultat, même si aucun autre acteur du marché ne se manifeste, la compagnie russe ne pourra pas utiliser le South Stream à pleine capacité, elle devra laisser une partie des pipelines en réserve, ce qui affecte grandement la rentabilité du projet et le rend économiquement peu fiable pour la partie russe. Le paquet énergie a été utilisé par l’UE comme une arme, et la Russie en a eu assez.

LCDR : Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a d’ailleurs ouvertement accusé l’Union européenne, le 5 décembre, d’avoir fait échouer le projet de gazoduc.

S.G. : L’Union européenne n’est pas « unique » : elle est constituée de points de vue politiques multiples et très différents. On y trouve notamment un groupe de bureaucrates qui se sont opposés à la réalisation du South Stream au nom de leurs intérêts personnels. Leur but n’était pas tant de faire du mal à Gazprom que de contrôler les flux monétaires liés au gaz afin de pouvoir s’en servir comme moyen de pression sur les compagnies et hommes politiques. Ces individus ne voulaient pas en arriver à la fermeture du projet, mais nous y sommes. Ce ne sont ni plus ni moins que des manœuvres et négociations secrètes de type mafieux.

LCDR : Doit-on définitivement faire une croix sur South Stream ?

S.G. : Non. Il y a des chances que le projet ne disparaisse pas complètement, bien que Gazprom affirme le contraire. La question centrale est de savoir quels changements auront lieu à Bruxelles dans les mois à venir. Les individus dont je parlais doivent être remplacés. Il faut briser cette bureaucratie mafieuse à Bruxelles. Les personnes chargées de la sécurité et de la livraison de gaz en Europe n’ont pas à commettre de tels actes irresponsables. Ensuite, la réouverture du projet dépendra beaucoup de l’évolution d’un certain nombre de facteurs, tels que la variation du coût du matériel de construction sous-marine, de l’obtention de garanties sur la demande et de la levée des sanctions contre Gazprom. D’ailleurs, les compagnies européennes impliquées [l’italien Eni, le français EDF et l’allemand Wintershall, ndlr] n’ont pas entériné la fin du South Stream et feront tout pour qu’il aboutisse.

LCDR : Le nouveau projet de Gazprom envisage de traverser la Turquie par un nouveau gazoduc afin d’aller jusqu’à la Grèce, où serait construit un hub à la frontière. Pourquoi cette route rencontrerait-elle plus de succès que le tracé par la Bulgarie ?

S.G. : Premièrement, le projet est moins cher, puisqu’il est principalement terrien, et deuxièmement, la Turquie ne suit pas le régime des sanctions. N’oublions pas que Gazprom est touché par les sanctions occidentales et ne peut obtenir de crédits à long terme auprès des banques européennes. Ensuite, la Grèce dispose de plus de pouvoir au sein de l’UE que la Bulgarie. D’autant que la prochaine élection présidentielle grecque [avancée au 17 décembre, ndlr] devrait être remportée par un représentant du parti de gauche, Syriza [très opposé à la politique de Bruxelles, ndlr].

LCDR : Quel rôle joue la Turquie dans cette affaire ?

S.G. : La Turquie compte devenir le principal centre de transit du gaz en direction de l’Europe du Sud, à la place de l’Ukraine. Gazprom a présenté un contrat intéressant à Ankara, lui accordant une ristourne sur le gaz. Bien que le prix de vente soit tenu secret, je pense que les Turcs pourraient payer moins de 300 dollars les 1 000 m3, alors que la moyenne européenne oscille entre 300 et 500 dollars. Le projet proposé par Gazprom n’est néanmoins pas une réalité, mais une possibilité. L’Union européenne doit maintenant prendre une décision quant à sa réalisation. Si Bruxelles est honnête d’un point de vue concurrentiel, elle acceptera le projet russo-turc, car elle doit être heureuse qu’il existe, outre l’Ukraine, une nouvelle route gazière au Sud.

Long de 3 600 kilomètres et d’une capacité estimée à 63 milliards de mètres cubes par an, le South Stream devait relier la Russie à l’Europe du Sud sous la mer Noire vers la Bulgarie, puis l’Italie et l’Autriche, afin de contourner le territoire ukrainien. Pour réaliser la partie terrestre du pipeline, la Russie avait signé des accords intergouvernementaux avec l’Autriche, la Bulgarie, la Croatie, la Hongrie, la Grèce, la Serbie et la Slovénie. Sa construction avait débuté le 7 décembre 2012 dans la région d’Anapa (Caucase russe), et la première des quatre conduites du gazoduc devait entrer en service fin 2015.

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« Bruxelles n’arrête pas de nous mettre des bâtons dans les roues dans le projet South Stream. Si les problèmes continuent, nous considèrerons d’autres opportunités et choisirons des pays de transit qui ne sont pas membres de l’Union européenne. L’Europe se trouvera avec encore un nouveau pays de transit. Je ne comprends vraiment pas à quoi Bruxelles est en train de jouer. »
Vladimir Poutine, le 24 mai, lors d’une rencontre avec les représentants des agences de presse internationales.

samedi, 13 décembre 2014

Gibt es im Schwarzen Meer Elefanten?

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Gibt es im Schwarzen Meer Elefanten?

F. William Engdahl

Nein, ich spreche nicht von den rosa Elefanten, die einem manchmal erscheinen können, wenn man ein bisschen zu tief ins Glas geschaut hat. Im Jargon der Ölindustrie sind Elefanten neu entdeckte Ölfelder mit mehr als 100 Millionen Barrel förderbarem Rohöl. Manche Geologen westlicher Ölgesellschaften behaupten, solche »Elefanten« seien mittlerweile ausgerottet, und das wiederum sei ein Zeichen dafür, dass die Ölreserven der Welt weitgehend erschöpft seien. Die Realität zeigt jedoch immer deutlicher das Gegenteil.

Der renommierte niederländische Erdöl-Ökonom Peter Odell hat einmal gesagt, das Öl gehe uns nicht aus, sondern uns fließe ständig neues Öl entgegen … wo immer wir danach suchten. Jetzt gibt es offenbar im Schwarzen Meer reihenweise Elefanten mit Milliarden Barrel Rohöl.

Rumänien, das oft als der kranke Mann in der EU betrachtet wird, hat kürzlich entdeckt, dass es vielleicht gar nicht so arm ist wie gedacht. 2011 erhielt das Geologie-Büro Purvin & Gertz den Auftrag, potenzielle Ölfelder vor der Küste zu erkunden. Damals entdeckten Israel, Zypern und andere Länder gerade riesige Öl- und Gasfelder im östlichen Mittelmeer.

Die Tests ergaben für Rumänien gute geophysikalische Aussichten in den Gewässern vor der Küste. 2012 gaben der US-Ölkonzern ExxonMobil und die rumänische Ölgesellschaf OMV Petrom die Ergebnisse für Domino-1, Rumäniens erste Aufschlussbohrung in 930 Metern Tiefe, bekannt. Bestätigt wurde ein Erdgaslager von rund drei Billionen Kubikfuß (Tcf, nach dem englischen »trillion cubic feet«), der größte Erdgasfund in der Geschichte des Unternehmens.

Durch mögliche Territorialstreitigkeiten mit Bulgarien wurde die weitere Entwicklung in dem Gebiet gebremst. Aufmerksamkeit erregte allerdings, dass Domino-1 nur eine von fünf geologisch ähnlichen Strukturen vor der rumänischen Schwarzmeerküste ist.

Mehr lesen:

http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/f-william-engdahl/gibt-es-im-schwarzen-meer-elefanten-.html

lundi, 08 décembre 2014

Las razones de Putin para “suspender” el South Stream

El cierre del gasoducto ruso South Stream en Europa ha desatado una gran polémica en torno a las motivaciones de Moscú. ¿Qué hechos están detrás de su suspensión y qué futuro le aguarda al un nuevo oleoducto de Rusia en Turquía? Rusia ha cancelado el proyecto del oleoducto South Stream de 63.000 millones metros cúbicos para suministrar gas al sur de Europa. Ahora, en vez de transitar a través de Bulgaria, miembro de la UE, el gas fluirá a través de Turquía y de Grecia. Según expertos, South Stream podría cubrir un 20% de las necesidades de gas de la UE.

Gazprom ha confirmado oficialmente que Rusia construirá un gasoducto alternativo utilizando fondos y materiales destinados al proyecto original de South Stream. El gigante del gas ruso aún planea tender un gasoducto hacia Turquía y el sur de Europa, pero que no pasará por territorio de Bulgaria. El director ejecutivo de Gazprom, Alexéi Miller dijo que el nuevo gasoducto cruzaría el Mar Negro y que suministraría 14.000 millones metros cúbicos a Turquía. 

La UE señaló que el proyecto no podía llevarse a cabo, debido a que la crisis de Ucrania se había intensificado, y a que aumentó la oposición al gasoducto ruso en el territorio europeo. El Ministro de Energía de la UE, Gunther Oettinger, abiertamente amenazó con obstruir trabajos en el gasoducto South Stream, debido a que Moscú no reconoció el nuevo Gobierno de Kiev.

 

"De hecho, la Comisión Europea no solo no ha contribuido a la realización de este proyecto, sino además que vemos que ponen trabas para su puesta en marcha. Si Europa no quiere ponerlo en práctica, entonces no será realizado", dijo Putin en Ankara durante su visita a Turquía.

El cierre del proyecto no se traducirá en la llegada de menos gas para Europa. Los oleoductos rusos Nord Stream y Yamal harán llegar gas a Europa, y en 2014 Rusia suministrará 155.000 millones de metros cúbicos, la mitad de los cuales pasarán por territorio de Ucrania. De hecho, el objetivo de South Stream era suministrar gas a la UE eludiendo a Ucrania, que en el pasado reciente ha protagonizado tensas disputas con Rusia por el gas.

El cese de South Stream no es una buena noticia para las empresas de la UE que ya han invertido 2.500 millones de euros en el proyecto. Perder South Stream también podría significar para Europa tener una menor seguridad energética. La Unión Europea depende de Rusia, ya que el país le suministra un tercio del gas, recuerdan los expertos. Europa no puede prescindir totalmente del gas ruso, según reconoció Jerome Ferrier, jefe de la Unión Internacional del Gas y vicepresidente de la compañía francesa Total.

Turquía es el segundo mayor cliente de Gazprom en la región después de Alemania. La asociación de gas entre Rusia y Turquía empezó en 1984, cuando se firmó el primer acuerdo. Hoy en día Turquía es uno de sus socios extranjeros más importantes en este sector.

Serbia pide explicaciones por la suspensión del South Stream

Serbia mantendrá negociaciones con socios europeos y rusos para pedir explicaciones a raíz de la suspensión de la construcción del gasoducto South Stream, declaró este miércoles el presidente serbio, Tomislav Nikolic. "Hablaremos sobre este tema absolutamente en serio con los socios europeos y rusos", dijo.

Según Nikolic, Serbia quiere aclarar "qué se puede esperar, qué perdimos y qué, posiblemente, recibiremos" en relación a los suministros de gas.

Destacó que la introducción de sanciones contra Rusia por parte de Serbia hubiera provocado mayor daño que el cierre del South Stream. Sin embargo, Serbia quería obtener la confirmación de la parte rusa de que el país no se quedará sin suministros de energía en invierno.

Por su parte, la viceministra serbia de Tráfico, Construcción e Infraestructura, Zorana Mihajlovic, dijo que no cree en la suspensión del proyecto y subrayó que Serbia hizo todo lo posible para salvarlo. "Hicimos todo lo posible para construirlo, ya que para nosotros es una cuestión de estabilidad energética", afirmó.

Asimismo, expresó la esperanza de que en un futuro próximo se logre un acuerdo para continuar la construcción del South Stream.

El cierre del South Stream ofrece a Rusia influencia financiera sobre Europa

La renuncia a construir el gasoducto South Stream ofrecerá a Rusia recursos financieros de influencia sobre Europa, declaró a Sputnik Sam Ori, vicepresidente ejecutivo de la compañía energética Securing America's Future Energy.

"Actualmente los países europeos no extraen gas natural licuado; en el mercado no existe una oferta amplia de gas estadounidense y tampoco hay otras alternativas; de esta manera, Rusia obtiene recursos financieros de influencia sobre Europa", dijo.

Según el experto, desde una perspectiva a corto plazo, la dependencia de Europa del petróleo ruso y del gas natural licuado es una "potente baza" para Rusia.

¿Anuncia la caída de precios del petróleo una nueva crisis global?

Los bajos precios del petróleo pueden provocar una crisis financiera mundial debido a la concentración de los instrumentos financieros relacionados con este recurso energético en 'zonas problemáticas'.

El auge del petróleo y el gas en EE.UU. fue posible gracias a los préstamos enormes que recibieron las compañías petroleras. Y las petroleras recibían préstamos no solo de accionistas o bancos: también obtuvieron cientos de miles de millones de dólares mediante la colocación de bonos de baja calidad, pero alta rentabilidad.

Según una estimación reciente de JP Morgan, si los precios del petróleo se mantienen en los 65 dólares por barril durante tres años, el 40% de todos estos bonos serán incumplidos.

"Aunque estamos ante un escenario incierto y a largo plazo, los problemas ya se están sintiendo ahora. Los expertos afirman que alrededor de un tercio de la deuda de las empresas energéticas en el mercado de estos bonos se encuentra actualmente 'en zona problemática'", señala el artículo publicado en 'Vesti', que subraya que "los bancos y otras instituciones financieras podrían sufrir impagos desde el sector petrolero".

El artículo resume que "los bajos precios del petróleo constituyen un problema no solo para empresas petroleras y exportadores. Los fondos de inversión, ávidos de grandes beneficios, invirtieron su dinero en el sector del petróleo y el gas. Por el momento, la crisis no amenaza el mundo, pero si los precios del petróleo no se recuperan, más adelante una gran cantidad de personas y empresas en EE.UU. perderán su dinero y la crisis financiera en la mayor economía se extenderá rápidamente por todos los mercados".